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au defefpoir. Elle prie qu’on lui amène la captive ,jjJ
qui refufe d’y aller, craignant de parokre avoir
trop bonne opinion d’elle même, & manquer contre
la bien-feancede ion fexe. La reine fe fait portera
la cellule de la captive , qui la met fur fon ci-
lice, 8s ayant invoqué le nom de Jefus-Chrift 1 afait
lever auili-côt en parfaite fanté. Elle lui apprend que
c’eft Jefus-Chrift Dieu 8s fils de Dieu fouverain qui
l’a gu erie, 8s l'exhorte à l’invpquer, difant, que
c’eft lui qui donne la puiflance aux rois, 8c la vie a
tous les hommes.
La reine retourna chez-elle remplie de jo ie ; le
roi lui demanda comment elle avoit été guerie fi
promptement, 8s l’ayant appris, il commanda que
l’on portât des pref^ns à la captive. Mais la reine lui
d it: Seigneur, elle mgprïfie tout cela; elle ne vent ni
or, ni argent; le jeûne fft fa nourriture; la feule
rccompenfe que nous pouvons lui donner c c lf d a-
dorer Jcfus-Çhrift, peDieu quelle a invoqué pour
me guérir. Le roi différa pour lors, 8s négligea de
fie convertir, quoique fa femme l’en preisat fouvent;
mais un jour comnje il chaifoirdans les bois, il fur-
vint une obfcurité fi épaiifie en plein jour, que toute
fai fuite s’écarta, 8s il demeura ieul égaré , ne fa-
chant où fe tourner. Dans cet embarras, il lui vint
f ii pen fée. que fic eC h r ift, dont la captive avoit parlé
à fa femme, ledélivroitdeces tçncbrcs, il quitterait
tous les autres dieux pour l’adorer. Si-tôt qu’il
eut fait ce voeu de penfée, -fans prononcer une parole
, le jour revint, 8s il arriva heureufement à la
yiüe. Il conte Jachpfc à la reine : on fait prompte-
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ment venir la captive ; il lui déclaré, qu’il ne veut
plus honnorer d'autre Dieu que Jefus-Chrift 8s lui
demande la maniéré de le fervir. Elle l’explique autant
qu’elle en étoit capable, demande que l’on bâ-
tiifeune églife 8s en décrit la forme.
Le roi ayant aiFemblé fon peuple, raconte ce
qui étoit arrivé à lui 8s à la reine ; 8s les inftruit
comme il pouvoir dans la religion chrétienne : la
reine de fon côté inftruit les Femmes : on s’em-
preifed’un commun confentement à baftir l’églife.
Les murailles étoient déjà élevées, il étoit tems
de pofer les colomnes. On dreffa la première 8s la
fécondé; mais quand ce vint à la troifiéme , après
l ’avoir élevée en penchant, on ne pût jamais paffer
outre, quelque force d’hommes 8s de boeufs, 8c
quelque machine qu’on employât. On eflaya plusieurs
fois fans pouvoir même l’ébranler; on ne
favoit plus que fa ire , le roi commençoit à fe décourager.
Tout lemondes’étantrétiré à la fin du jour,
la captive demeura feule dans le bâtiment, Ssypaf-
fa la nuit en prières. Le toi inquiet vint de grand
matin avec les fiens; 8s vit la colomne pofée à plomb
fur la bafe, mais à un pied de diftance , en forte
qu’elle étoit fufpenduc en l’air. Tout le peuple commence
à louer Dieu, 8s dire que la religion de la
captive étoit véritable; 8sà leurs yeux la colomne
defeend infenfiblement fur la bafe, fans que l’on
y touchât; les autres furent fi faciles à placer, que
l’on acheva de les mettre le même jour. L’églife
étant bâtie, comme ce peuple defiroic ardemment
d’être inftruit dans la fo i, on envoya par le confeil