
330 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
— dans le concile de T yr , 8c qu’il n’étoir pas prefent
342, dans la Mareote, où l’on prétend avoir fait des
procédures contre lui.' Or vous favez, mes chers
freres, que ce qui eft fait en l’abfènce d’une des
parties eft nul & fufped. Nonobftant tout cela,
pour connoître plus exactement la vérité & ne recevoir
de préjugé ni contre Vous, ni contre ceux qui
nous ont écrit en leur faveur ; nous les avons tous invitez
à venir, afin de tout examiner dans un concile,
& ne pas condamner l’innocent, ou abibudre le:
coupable.
Il ne faut pas s’étonner que le pape écrivant aux
Eufebiens leur parle des Ariens comme d’hereti»
ques abominables & rejettez de tout le monde ; ils
n’ofoient le nier ouvertement ; & quoique tout
l’effort de leur cable ne tendit qu’à rétablir cette
herefie , ou plutôt à la maintenir ; ils fe gardoient
bien de le dire , ni d’avoüer qu’ils fuffent Ariens.
On le voit par la première profeiïion de foi qu’ils
donnèrent à Antioche lors de la dédicace. Ils ne
faifoient paraître en ce tems-là autre deffein que
de faire condamner Athanafe, Marcel 8c leurs autres
ennemis, 8c les empêcher de rentrer dans leurs
fïeges.
Les Eufebiens, pour relever l’autorité des conciles
, avoient allégué les exemples de ceux qui condamnèrent
Novat & Paul de Samofate.. Le pape
répond que ces exemples confirment l’autorité du
concile de Nicée ; 8c que les Ariens qu’il a condamnez,
ne font pas moins hereriques que les No-
vatiens &. les Paulianiftes. Il leur reproche un autre
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attentat contre le concile de Nicée , les tranilations
d’évêques : 8c retourne contre eux , pour les confondre,
ce qu’ils avoient avancé pour affoiblir l’autorité
de l’églifè Romaine. Si vous croyez véritablement
, dit-il, que la dignité épifcopale eft égale
par tout, 8c fi comme vous dites , vous ne jugez
point des évêques par la grandeur des villes : il fal-
loit que celui à qui on en avoit confié une petite y
demeurât, fans paflèr à celle dont il n’eft pas char-
1 g é , ni méprifèr celle qu’il a reçûë de Dieu, & Dieu
même qui l’y a mis, pour rechercher la vaine gloire
des hommes.
Ils fe plaignoient de la brièveté du terme , qu’il
leur avoit donné pour venir au concile ; il montre
que ce n’eft qu’un pretexte , puifqu’ils ne fe font
pas même mis en chemin , qu’ils ont retenu fès
prêtres jufques au mois de Janvier : c’eft donc feulement
une preuve qu’ils fè défraient de leur caufè.
Ils fè plaignoient encore qu’il n’avoit écrit qu’à Eu-
febe fèul 8c non à eux tous : il dit, qu’il n’a dû répondre
qu’à ceux qui lui avoient écrit ; & ajoûte :
Vous devez içavoir, qu’encore que j’aie écrit fèul,
ce n’eft pas mon fentiment particulier, mais celui
de tous les évêques d’Italie & de ces païs-ci : je n’ai
pas voulu les faire tous écrire, pour ne pas charger
de trop de lettres ceux à qui j’écrivois : mais encore
à prefent les évêques font venus au jour nommé, &
ont été du même avis. On voit par-là que cette
lettre du pape Ju les, eft le refultat du concile de
Rome, & qu’il ne s’attribue point à lui feul l’auto-
rit de décider.