
& dit en pleurant : Paul pourquoi me quittez-voüs ï
je ne vous a ipa sd itad ieu ; falloit-il vous connoître
fi tard pour vous perdre fi-tôc. il fembla voler pendant
le refte du chemin ; 8c quand il fut arrivé dans
la caverne, il trouva le corps à genoux, la tête lev
é e , les mains etenduës en haut. Il crut d’abord
qu’il vivoit ôc prioit encore, & fe mit auffi à prier;
mais ne l’entendant point foupirer, comme il avoit»
accoutumé de faire dans la prière, il l’embrafla en
pleurant, 8c vit qu’il ne prioit plus que d elà poftu-
re. Il enveloppa le corps, le tira dehors, ôc chanta
des hymnes ôc des pfeaumes fuivant la tradition de
l ’églife. Mais il étoit affligé de n’avoir point apporté
d’inftrument pour creufer la terre, ôc ne lavoir
quel parti prendre, de retourner au monaftere ou
de demeurer ; quand deux lions accoururent du
fond du défert, faifant flotter leurs crinières. D ’abord
il en frémit; mais la penfée de Dieu le raflu-
ra. Us vinrent droit au corps de S. Paul, ôc le flattant
de leurs queues fe couchèrent à fes pieds, ru-
giflant comme pour témoigner leur douleur. Puis-
ils commencèrent là proche à grater la* terre de
leurs ongles, 8c jettant le fable dehors, ils firent
une foiFe capable de tenir un homme. Aufli-tôt
comme pour demander leur reeompeniè, ils v in rent
à S. Antoine la tête bafle ôc remuant les oreilles.
Il comprit qu’ils demandoient ( a benediétion,,
ftmdri.iy. 8c dit : Seigneur , fans la volon té duquel un moineau
ne tombe pas à terre, donnez leur ce que vous fa-
vez qui leur convient; ôc faifant figne de la main,
il leur commanda de s’en aller. Après qu’ils furent
L i v r e d o ü z i e ' \ î ê .
enterra le partis, x corps, ôc éleva de
delfus iuivant la coutum
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la terre au-
Le Lendemain il prit la
tunique que faint Paul s’écott faite lui-même de
feuilles de palmier entrelacées comme dans les
corbeilles; il retourna à fon monaftere avec cette
riche fuceeffion, ôc raconta tout par ordre à fes
difciples. Il fe revê/it toujours depuis de la tunique
de faint Paul aux jours folemnels de Pâques
ôc de la Pentecôte.
S. Antoine recevoit auifi une grande coniôlatiore
par les nouvelles qu’il apprenoit de tems en tems de
S. Hilarion. Il lui éerivoit ôc recevoit volontiers de
fes lettres; 8c quand il venoit à lui des malades du
côté de la Syrie: Pourquoi, difoit il, vous êtes-vous
fatiguez à venir fi loiri, puifque Vous avez-là mon
fils Hilarion. S. H ilarion commença à faire des miracles,
après qu'il eut été vingt-deux ans dans le de-
fert ; c'eil à-dire, vers l’an 319. Un des premiers fut
la guerifon miraduleufe des trois fils d’Elpide, qui
fut depuis prefet du pretoire. Il revenoit de voir
S. Antoine avec eux ôc avec fa‘ femme Ariftenete
chrétienne, ôc illuftre par fâ vertu ; à Gaze fes en-
fans furent faifis d’une fièvre double tierce, fi violente,
que les médecins en défefperoient. La mere
affligée vint trouver le Saint dans fon défert montée
fur un ân e , ôc accompagnée de quelques femmes 8c
de quelques eunuques. Quoiqu'il eût fait réfolution
de n’entrer dans aucun lieu habitée, elle le prefla
tant quil vint a Gaze; ôc s’etanç approche des lits
de ces trrois enfans, il invoqua J. C. auffi-tôt il for-
*it de ces corps brûlans une fueur fi abondante >
S W I '
- XVII»
Miracles de Si»
Hilarion.
Vita S,-Ml. c. i? *
Sup. /. ;