
4 í 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
—----------- l’empereur. Conftantius dit à Libere : Pour combien
A N. 3 yy. vous comptez-vous dans le monde , de vous élever
feul avec un impie , pour troubler la paix de l’univers
? Libere dit : Quand je ferois feu l, la caufe de
la foi ne fuccomberoit pas pour cela. Autrefois il ne
fe trouva que trois perfonnes qui refifterent à l’ordonnance.
Il entendoit les compagnons de Daniel:
l’eunuque Eufebe le comprit bien & dit: Vous faites
de l’empereur un Nabuchodonofor ? Libere répondit
: Non : mais vous n’êtes pas plus raifonnable de
vouloir que nous condamnions un hommeque nous
n’avons point jugé. Je demande aufti m o i, que l’on
commence par apporter une fignature generale, qui
confirme la foi de Nicée : qu’enfuite on rappelle de
leur exil tous nos freres , qu’on les rétabliffe dans
leurs fieges ; & quand on verra ceux qui troublent
maintenant les églifes fe conformer à la foi apoftoli-
que : alors que tous s’aflemblent à Alexandrie ou eft
l’accufé &c les accufateurs, & ceux qui prennent leurs
intérêts : afin qu’aïant tout examiné nous en puif-
fions juger.
Epidlete dit : Les voitures publiques ne fuffiront
pas pour tranfporter tant d’évêques. Libere répondit
: L’églife n’a pas befoin de voitures publiques,
chaque églife fournira bien à conduire fon évêque
jufques à la mer. L’empereur dit : Ce qui eft une
fois reglé ne peut être renverfé : le jugement de la
plupart des évêques doit l’emporter. Vous êtes le
feul qui vous attachez à l’amitié de cet impie. Libere
dit : Seigneur , nous n’avons jamais oui dire qu’un
L i v r e u e i z i e ’ m ï : 4 ; ;
accufé n’étant pas prefent, un juge le traite d’impie,
comme étant fon ennemi particulier. L ’empereur
dit : l i a offenfé generalement tout le monde, & moi
plus que perfonne. Il ne s’cft pas contenté de la perte
de mon frere aîné ; il n’a point ceffé d exciter Confiant
d’hcureufe mémoire à me haïr ; fi je n’avois
refifté par ma douceur à fes efforts & à ceux de mon
frere. Je ne me fçaurai fi bon gré de rien , non pas
même de la défaite de Magnence ou de Silvain,
que d’avoir éloigné ce fcelerat des affaires de l’églife.
Ce Silvain étoit un capitaine de la nation des
Francs, nourri parmi les Romains, qu’il fervit longtemps
fidelement : mais pouffé au defefpoir par des
calomnies dont on le noircir auprès de Conftantius ÿ
il fe révolta & fut tué à Cologne , après avoir
porté le titre d’empereur feulement v in g t-h u it
jours. Cet événement étoit arrivé cette même année
3 jj.
Libéré dit : Seigneur , ne vous fervez pas des évêques
pour vous vanger de vos ennemis : les mains
des ecelefiaftiques doivent être occupées à fan£ti-
fier : commandez , s’il vous p la ît, que les évêques
foient renvoïez chez eüx ; & s’ils s’accordent fur la
foi orthodoxe de Nicée , qu’ils s’aflemblent afin de
pourvoir à la paix de l’univers ; mais qu’il ne femble
pas que l’on veuille opprimer un innocent. L ’empereur
dit : Il n’eft queftion que d’une cliofe. Je
veux vous renvoïer à Rome quand vous aurez em-
brafle la communion des églifes. Cedez au bien de
la paix : fouferivez & retournez à Rome : Libéré
dit : J ’ai déjà pris congé des freres de Rome : car
A n . 3 y y.
Amm. Marcell'*
lib, xv. c. 5.