
X X X I .
Seconde lettre
de S.Alexandre.
S o c r , I . c . 6 .
V a le f. in Theod,
PÉSl I.
90 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
neuf diacres que j’ai nommez, & dont le premier eft
Achillas.
Le mal croiiToit toûjours, & il s’étendoit dans
l’Egypte, dans la haute Thebàide & la Libie, juf-
ques-là que deux évêques s’étoient déclarez pour
Arius , Second de Ptolemáide dans la Penrapole ,
& Theonas de Marmarique : 8c qu’Eufebe deNico-
medie prenoit hautement fon parti. S. Alexandre
voyant tout cela, affembla un fécond concile à Alexandrie
des évêques d’Egypte 8c de Libye au nombre
de prés de cent ; où il excommunia de nouveau
Arius & fcs feélateurs ; & il en rendit compte par
une lettre adreifée à tous les évêques du monde, où
il dit : Qu’il avoit voulu garder le filence pour étouffer
le mal en la preiènce des apoftats, & ne pas foüil-
ler les oreilles des perfonnes ilmples. Mais, ajoûte-
t’i l , puiique Euièbe , qui croit dilpofer des affaires
del’églife, parce qu’il a laifïe Beryte, 8c ufurpé l’é-
glife de Nicomedie, fans que l’on en ait fait juftice 3
iè met auiîï à la tête de ces apoftats, 8c écrit de tous
cotez en leur faveur ; je fuis obligé de rompre le fi-
Ience pour vous faire connoître à tou s , 8c les perfonnes
des apoftats, & les malheureux difcours de
leur hcrefie ; afín que vous ne vous arrêtiez point à
ce qu’Eufebe vous pourroit écrire. Ceux qui fe font
feparez font, Arius, Achillas, Aïthales, Càrpones,
un autre Arius, Sarmate, Euzoïus, Lucius, Julien ,
Menas, Helladius & Gaïus ; 8c avec eux , Second
8c Theonas, cy-devantévêques. Voici ce qu’ils difent
8c qu’ils ont inventé iàns autorité’ de l’écriture-
L i v r e D i x i e ’m e . 9 1
Dieu n’a pas toûjours été pere , mais il a été un
tems qu’il ne l’étoit point. Le verbe de Dieu n’a pas
toûjours été , il a été fait de rien 5 ce fils eft une
créature & un ouvrage ; il n’eft point femblable
au pere en fubftance, ni fon verbe véritable, ni
fa. vraye fageife. On le nomme improprement verbe
& iàgelîè ; ayant été fait lui-même par le verbe
propre de Dieu , 8c par la iàgeffe qui eft en Dieu ,
par laquelle Dieu a tout fait. C’eft pourquoi il eft
changeant & altérable de fa nature, comme toutes
les créatures raifonnables ; il eft étranger , différent
8c ièparé de la'iubftance de Dieu. Le pere eft ineffable
pour le fils, qui ne le connoît pas parfaitement 5
car le fils ne connoît pas même là propre fubftance
telle qu’elle eft. Il a été fait pour nous, afin d’être
comme l’inftrument par lequel Dieu nous a créés ;
8c il n’auroitpoint été, fi Dieu n’avoit voulu nous
faire. On leur a demandé fi le verbe de Dieu peut
changer , comme le diable a fa it , & ils n’ont pas
eû horreur de dire : Oüi il le peut j car il eft d’une
nature changeante , puiiqu’il a pû.être engendré &
créé. Comme Arius 8c fes iè (dateurs foutenoient K Vxler
tout cela avec impudence ; nous les avons anathe-
matiièz, étant alîemblez avec les évêques d’Egypte
8c de Lybie, Eufebe & fon parti les ont reçûs, s’efforçant
de mêler la vérité avec le menfonge ; mais ils n’y
réüiîiront pas, la vérité demeure viétorieuiê.
Car qui a jamais oüi rien de ièmblable , Ou qui
le peut oüir maintenant iàns être furpris , &. làns
boucher fes oreilles , de 'peur qu’elles n’en foient
foüillées ? Qui peut entendre dire à S. Jean : Au
M ¡j