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quoiqu’il ait foûtenu la guerre civile pour recueillir
' fa fücceflion. Conftantius clifoit, qu’en banniiTant
Achanafe il imitoit le grand Conftantin Ton pere. Il
l ’imite, répond faint Athanafe , en ce qui fait plaifir
aux heretiques, mais non en ce qui leur déplaît.
Conftantin fur les calomnies des Eufebiens, envoïa
pour un temps Athanafe dans les Gaules, le dérobant
à leur cruauté : mais il ne fe laiifa p;js perfuader
d’envoïer à fa place levêque qu’ils vouloient ; il les
en empêcha & arrêta leur entreprife par de terribles
menaces. Comment donc , s’il veut fuivre la conduite
de fon perè, a-t’il envoie premièrement Grégoire
& maintenant George le banqueroutier. Pourquoi
s’efforce - t’il de faire entrer dans l’églife les
Ariens , que fon pere appelloit Porphyriens ? Il fe
vante de prendre foin des canons, lui qui fait tout
le contraire. Car quel canon porte , qu’on envoie un
évêque de la cour ; que des foldats infultent les égli-
?• 85*- fes : que des comtes & des eunuques gouvernent les
affaires eccleiiaftiques, que l’on juge les évêques fui-
vant des edîts ?
Si Athanafe n’épargne plus Conftantius dans cet
écrit. Il marque fa legereté par la contradiélion de
fes lettres & de fes ordres : qui montroient qu’il n’a^
giffoit pas de fon mouvement, ¡mais félon qu’il étoit
pouffé. Il marque fa cruauté , en ce qu’il n’avoit pas
épargné fes propres parens. Car , dit-il, il a égorgé
fes oncles, il a fait mourir fes couiîns : il a vû dans
Amm. m. xi. Ja fouffrance la fille de fon beau pere , fans en avoir
pitié : il a marié à un barbare, c’eft-à-dire, à Arface
roi d’Arménie, Olympiade fiancée à fon frere : qui
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l’avoit gardée jufqu’à la m o rt, comme devant être
f i femme. Enfin il ne feint point de traiter Conftantius
d’Antechrift. Pour montrer l’injufticede la per- t- 86®- ».
fecution des Ariens, il dit : S’il eft honteux que que l-1- 8i°- d-
ques évêques aient changé par la crainte : il eft bien
plus honteux de leur avoir fait violence , & rien ne
marque plus la foibleffe d'une mauvaife caufe. Ainfî
le démon n’aïant rien de v r a i, vient avec la hache »/• 7).
& la coignée rompre les portes de ceux qui le reçoivent
: mais le Sauveur eft fi doux, qu’il fe contente
d’enfeigner, & de dire : Si quelqu’un veut venir après
moi ; & : Celui qui veut être mon difciple. Et quand Luc• h•
il vient à chacun de nous , il ne fait point de violence
: mais il frappe à la porte , & dit : Ouvre- m o i, «y*' l-
ma foeur, mon époufe : fi on lui ouvre , il entre, fi
on ne veut pas, il fe retire. Car la vérité ne fe prêche
pas avec les épées & les dards, ni par les foldats,
mais par le confeil & la perfuafion. Et quelle perfua-
fîon , où regne la crainte de l’empereur ? quel confe
il, où la refiftance fe termine à l’exil ou à la mort ?
En enfuite : C ’eft le propre de .la vraie religion de p. syj. a.
ne point contraindre, mais de perfuader. Car le Seigneur
lui-même n’a point ufé de violence : il a laiffé
la liberté , en difant à tous : Si quelqu’un veut ve-
nir après moi ; & à fes difciples : Voulez-vous aufii f' 84i‘ 8-
vous en aller ? Et ailleurs. Quelle églife adore maintenant
J . C. en liberté ? fi elle conferve la pieté,
elle eft en péril : fi elle diflïmule, elle craint. Il a
tout rempli d’hypocrifie & d’impieté autant qu’il
eft en lui. S’il y a quelque fidele ferviteur de J . C.
& il y en a plufieurs par tout : ils fe cachent comme
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