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1 1 porta; & les evêques d’Egypte voyant que le cottitc
f-PS* Denis étoit près d'y ceder, lui adreilerent encore
une prottftation, pour le conjurer de ne paiTer pas
outre en cette affaire, 8c d’en réferver la connoif-
fance à la perfonne de l’empereur. Tout cela fut fans
effet ; 8c les députez partirent avec l’autorité du
concile, & une lettre adrefléeàPhilagre préfet d’Egypte
, ils avoient auffi un efeorte de foldats.
_ Lr- On continuoit à T y r de calomnier S. Athanafe.
Continuation ,» ~ r f • • i / r /
du concile de i l rue accule a avoir viole une vierge conlacree a
TyrRrf?Cu e'i7. Dieu; 8c en effet, les évêques étant affemblez, on
fei p l fit paraître au milieu d’eux une perfonne qui s’écria
qu’elle étoit bien malheureufe , qu’elle avoit fait
voeu de virginité; mais qu’ayant logé chez ellel’é-
vêque Athanafe, il avoit abufé d’elle, malgré toute
fa réfifiance, 8c lui avoit fait enfuite quelque pre-
fent pour l’appaifer. S. Athanafe étoit a v e r ti, 8c
avoit concerté ce quil devoit faire avec un de fes
prêtres nommé Timothée. Etant entré 8c fommé
de répondre à cette accufation, il ne dit mot, comme
ft elle ne l’eut pas regardé. Mais Timothée
prenant la parole, 8c fe retournant vers la femme,
dit : Quoi vous prétendez, que j ’ai logé chez vous,
8c que je vous ai deshonorée? La femme étendit
la main vers T im othée, le montra du doigt, 8c s’écria
hauffant encore la voix : Oui c’efl vous-même
qui m’avez fait cet outrage ; ajoutant les ciftconflan-
ces du tems 8c du lieu avec beaucoup de paroles. La
plupart dés aifiilans ne purent/s’empêcher de rire,
de \TOir une accufation fî mal concertée 8c fi bien
détruite; & c eu x qui avoient fait venir cette mal-
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heureufe , furent couverts d'une telle confufion,
qu’ils la chaflerent promptement de l’afTemblée,
jionobdant I’oppofition d’Athanafe, quidemandoit
qu’elle fût arrêtée 5c mife à la queftion s’il étoit be-
foin, pour découvrir les auteurs de la calomnie, ils
empêchèrent même que cette ridicule accufation
ne fut inferée dans les aètes du concile.
Mais ils s’écrièrent en tumulte, qu’ily.avoit des
crimes plus importans à examiner, qu’on ne s’en
jullifîoit point par fubtilité, qu’il fuffifoit d’avoir
des yeux pour en être convaincu. Alors ils ouvrirent
leur bocte & firent paraître cette main deffe-
chée, qu’ils gardoient depuis fi long-tems. Athanafe,
dirent-ils, voilà vôtre accufateur, voilà la
main droite de l’évêque Àrfene : c’efl à vous à dire
comment 6c pourquoi vous l’avez coupée, il fe leva
alors un bruit confus ; tous s’écrièrent d étonnement
8c d’indignation; les uns contre faint Athanafe,
croyant l’accufation véritable , les autres contre fes
accufateurs, fachant combien elle étoit fauife. Saine
Athanafe ayant enfînobtenu un peu de filence, demanda
fi quelqu’undela.compagnieconnoiffoit Ar-
fene: piufieurs fe levèrent,endifantqu’ils l’avoient
connu particulièrement. Alors S Athanafe demanda
un de fes domeftiques, 8c lui donna ordre d’aller
quérir un homme, qu’ilmontra à l’affemblée,lui fai-
fmt lever la tête, 8c difant: Eft-ce là cet Arfene que
j ’ai tué 8c à qui j ’ai coupé une main après fa m o rt,
cet homme que l’on a tant cherché ? Ceux qui con-
noiifoient Arfene furent étrangement furpris de le
Voir; les uns parce qu’ils le croyoient mort, les
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