
i 478 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
~ il déclara de la parc de l’empereur, que Îî l’on n’y
N" 3 j 6 * obéiiToit p a s , il ôteroit le pain que l’on donnoit
par ordre public, & reduiroit en fervitude plu-
iieurs des magiftrats & du peuple. Il menaçoit
même de renverfer les idoles, pour intimider les
païens qui écoient encore en grand nombre. En fai-
fant ces menaces, il difoit publiquement que l’empereur
ne vouloit point d’ Athanafe , & qu’il com-
mandoit que l’on donnât les églifes aux Ariens.
Tous s’en étonnoient, & fe regardant l’un l’autre,
ils fe demandoient il Conftantius étoit devenu hérétique
? Heraclius fit plus, il contraignit des fena-
teurs, des magiftrats & des païens gardieift des temples
d’idoles, de déclarer par écrit, qu’ils recevroient
l’évêque que l’empereur envoïeroit. Ces païens ra-
çhetoient par cette foufcription la feureté de leurs
idoles Ôe de leurs manufactures, & cedoient à la volonté
du prince, comme quand on leur envoïoit un
gouverneur.
xxx. La refîftance des catholiques leur attira bien-tôt
£uùs!CnccdHua" de nouvelles violences. Le peuple étant affemblé ^Mfiiit.p. 847. dans la grande églife un mercredi , qui étoit jour de
ftation, le comte Heraclius prit avec lui le prefec
d’Egypte Cataphronius, Fauftin catholique ou tre-
forier général, & un heretique nommé Bithynus t
puis alléguant l’ordre de l’empereur, il excita les.
plus jeunes des idolâtres qui fe trou voient fur la place
, à s’en aller dans 1 églife jetter des pierres au peuple.
L ’office étoit fini, & la plupart des fideles s’é-
toient retirez : il ne reftoft que quelques femmes,
qui demcuroient aflifes, apparemment pour fe rei
f
L i v r e t r e i z i e ’m e . 479
pofer après la priere, quifefaifoit alors debout.Tout ~
d’un coup ces jeunes gens entrent nuds avec des bâ- • 3 J •
tons & jettant des pierres. Ils frappent les vierges,
arrachent leurs voilés , leur découvrent la tête, &
irritez par la refiftânee , ils leur donnoient des coups
de pied ; & leur difoient des paroles infolentes. Elles
fuïoient pour ne les point oüir, comme pour éviter
des morfures d’afpics : les Ariens n’en faifoient que
rire. Enfuite les païens prirent les bancs, la chaire l’autel qui étçnt de bois, les rideaux de l’églife, &C
,
tout le refte qu’ils purent emporter & le brûlèrent
devant le portail dans la grande place. Ils jetterent
de l’encens fur ce feu en loüant leurs idoles, & en
difant : Conftantius eft devenu païen, & les Ariens
ont reconnu notre religion. Ils prirent même une
o-eniife, qui fervoit à tirer de l’eau pour arrofer les
jardins du quartier , & penferent la facrifier : ils n’en
furent cmoèchez, que parce qu’ils reconnurent que
c’étoit une femmelle •. car il n’étoit pas permis de les
immoler.
Dans ce defert il arriva deux accidens, qui pa- p.s^.c.
rurent des marques fenfibles de la vengeance divine.
Un jeune infolent courut s’affeoir dans la chaire
épifeopalé, & faifoit refonner fon nez d’une façon
deshonnête.y puis il fe leva & s’efforça de rompre
la chaire , mais en tirant à lu i , un morceau de
bois lui entra'dans le ventre, de telle forte qp’il lui 1
fit fortir les ïntcftihs ; il tomba, on l’emporta &
il môurut un jour après. Un autre entra avec des
feüilles , qu’il fecoüoit a la mâhiere des païens -en
fe mequant. Aiiffi-tôt II fut tellement ébloui qu’il