
j 18 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
la première dogmatique, qui eft perdue ; la fécondé
hiftorique , dont la plus grande partie nous refte,
y. «si. avec la préface de tout l’ouvrage. Il y marque d’abord
que c’eft pour fatisfaire à leurs inftances réitérées
, qu’il leur écrit fes fouffrances &- celles de l’é-
glife ; & qu’il entreprend de réfuter l’herefie des
Ariens. Mais, ajoûte-t’il, plus j’ai voulu écrire, plus
je me fuis efforcé de penfer à la divinité du verbe,
6c plus la connoiffance s’ëft retirée loin de moi ; &
j’ai reconnu que j’en étois d’autant plus éloigné, que
je m’imaginois la comprendre. Car je ne pouvois
même écrire ce que je croïois entendre, & ce que
j ’écrivois étoit encore au-deffous de cette petite ombre
de'la vérité que j’avois dans l’efprit. J ’ai penfé
pluileurs fois abandonner l’entreprife ; & ce n’eft que
pour ne vous pas affliger & ne pas donner avantage
par mon iïlence à ceux qui difputent avec vous, que
je me fuis forcé à écrire quelque ehofe 6c à vous t’en-
voïer. Car encore que nous foïons fort éloignez de
comprendre la vérité, à caufe de la foibleffe delà
chair : il eftpoffible toutefois de connoître l’impertinence
des impies. S’il eft impoffible de comprendre
ce que Dieu eft ; il eft poifiblc de dire ce qu’il n’eft
pas. Il en eft de même du fils de Dieu ; il eft aifé de
condamner ce qu’avancent les heretiques, & de dire:
Le fils de Dieu n’eft pas cela : il n’eft pas permis d’en
avoir même de telles penfées, bien loin de les exprimer
de la langue.
Je vous ai donc écrit ce que j’ai pu : recevez-le ÿ
mes- chers freres, non comme une explication parfaite
de la divinité du verbe, mais feulement comme
une
L i v r e t r e i z i e ’m e . 519
une réfutation de l’impieté de fes ennemis, &c un fe-
cours pour défendre la faine doéltine. Que s’il y
manque quelque chofe , 6c je crois que tout y manque
: pardonnez-le moi fincerement, & du moins
recevez ma bonne volonté pour défendrela vérité.
Et enfuitc : Quand vous aurez lû c e c i, priez pour
nous-, & vous excitez les uns les autres à le faire.
Mais renvoïez-le moi auffi-tôt, fans en donner de
copie à qui que ce foit : ne le copiez pas pour vous-
mêmes , mais contentez-vous de la leélure , quelque
defir que vous aïez de le lire plufieurs fois. Car il
n’eft pas fur de faire paffer à la pofterité les écrits des
ignorans comme nous, qui ne faifons que begaïer.
C ’eft ainfi que parloit de fa doétrine le plus fublime
théologien de fon temps, 6c peut-être de toute l’é-
glife Greque. Après cette préfacé fuit la fécondé partie
de tout l’ouvrage , qui eft l ’hiftoire des perfecu-
tions de S. Athanafe ; encore eft-elle imparfaite , 6c
ne commence qu’après le concile de T y r l’an 33y.
Elle finit aux violences qui ftuvirent l’intrufion de
George, & fait mention de la chûte d’Ofius & de t- 84?.
celle de Libéré : par où l’on voit que cet ouvrage ne
peut être écrit avant l’an 357. p. 837.
S. Athanafe y réfuté les prétextes dont l’empereur
Conftantius vouloit colorer fa perfecution, dans une
lettre écrite au peuple d’Alexandrie, & publiée par sup. ».
le comte Heraclius. Conftantius difoit qu’il n’avoit
fouffert le retour d’Athanafe, qu’en cédant pour un
temps à l’amitié de fon frere Confiant. S. Athanafe
répond : que fes promeiîes ont donc été trompeufes, p . *33.
& qu’il n’a plus confideré fon frere après fa m o rt,
Tome I I I . X x x