
3 6 H i s t o i r e E c c i E s i A S TÏQUE .
C’étoit la fin de la lettre ; mais on y avait ajouté
ce qui fuit , faifànt toûjours parler Cecilien à Félix
: Vous me dites : Prenez la clef & emportez les
livres que vous trouverez fur la chaire & fur la pierre
, c’eft-à-dire apparemment fur l’autel ; mais pre-
nez-garde que les officiers n’emporte l’huile & le bled.
Je vous dis : Ne fçavez vous pas que l’on abbat la
maifon où on trouve des écritures ? vous me dites :
Que ferons-nous donc ? Je vous dis : Que quelqu’un
de vous les porte dans la place , où vous faites vos
prières, j’y viendrai avec les officiers & les emporterai.
Nous y vînmes en effet, nous emportâmes tout,
fuivant la convention, &c nous les brûlâmes , fuivant
l’ordre de Fempereur. Par cette lettre de Cecilien
, les Donatiftes prétendoierit prouver que Félix
évêque d’Aptonge étoit traditeur. Maxime l’ayant
lûe , dit : Puifque la lettre à été l û ë , & qu’il recon-
noît l’avoir envo'iée, je demande a£te de ce qu’il a
dit ! Speretius Duumvir dit : Ce que vous avez dit
eft écrit.
. Après la leéture de cet acte , fait à Carthage devant
Speretius , Agefilas dit devant le proconful
Elien: Cecilien vient de reconnoître fa lettre, ôc dit r
que ce qu’on a lû à la fin eft faux. Cecilien dit r
Seigneur, j’ai di£téjufquesàèesmots::Je fouhaite,.
mon chere pere , que vous foyez en Sonne famé.
C’étoit en effet la conclufion ordinaire des lettres»
Apronien qui parloit pour les catholiques , dit r.
C’eft ainfi que ceux qui n’Ont pas voulu s’unir à
l’églife catholique, ont toujours agi par des fauflé-
tez & des impietez en intimidant , en joüant la
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comedie. Pendant que Paulin étoit vicaire d’Afri- -
que, on fuborna un particulier, qui faifoit le courrier,
& venoitaux catholiques pour les épouvanter :
la fôurbe fut découverte : on vouloit impofer au
fàint évêque Félix, d’avoir livré & brûlé lés écritures.
Ingentius au ffi ne cherchant qu’à nuire au fàint
évêque Cecilien, a été apofté , pour venir avec des
lettres prétenduës de l ’évêque Félix au duumvir.
Cecilien , feignant d’être envoyé vers lui par Félix :
Je dirai les propres mots qu’il a employez pour cette
fiélion. Le proconful dit : Dis-les.
Apronien dit : Il a fait dire à Félix : Dites à mon
ami Cecilien : J ’ai reçû onze volumes des livres
divins de grand prix, & parce ;qu’à prefent on me
les veut faire rendre, dites que vous les avez brûlez
pendant que vous étiez en charge. C’eft donc
furquoi il faut interroger Ingentius ; comment le
tout a été forgé & machiné , comment il a voulu
circonvenir le magiftrat & le faire mentir , pour
donner atteinte à la réputation de Félix , & par
confèquent à l’honneur de Cecilien & à fon ordination.
Qu’il dife qui l’a envoyé} car il eft comme ■
un député de nos adverfàires, par la Mauritanie & la
Numidie.
Comme Ingentius étoit prefent, le proconful
Elien lui dit : Par l’ordre de qui t’es-tu chargé de
faire ce qu’on te reproche ? Où ? dit Ingentius. Le
proconful dit : Puifque tu fais femblant de nè pas
entendre cè qu’on te demande, je le dirai plus clairement.
Qui t’a envoyé au magiftrat Cecilien ? Ingentius
dit : Perfonne ne m’y a envoyé. Le pro