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310 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
qu’ils paroiiToient trois fontaines; ils prirent de lai
nourriture, ils reconnurent leur mere , bénirenc
Dieu &c baiferenc les mains du iaint. Le bruit de
ce miracle s’étant répandu, les peuples de Syrie &
d’Egypte vçnoient à l'epvie voir Hilarion ; plufieurs
fe firent chrétiens, & plufieurs embrafferent la vie
monaftique. Il n’y avoft point encore de monafte-
res en Paleftine & en Syrie; S. Hilarion en fut le
fondateur, comme S. Antoine de ceux d’Egypte.
S. Hilarion rendit la vûë à une femme du bourg
deFacidia, prèsdeRinocorure en Egypte, elleétoic
aveugle depuis dix ans, & avoit dépenlé tout fon
bien à fe faire traiter. Si vous l’aviez donné aux
pauvres, lui d it-il, J . C. le vrai médecin vous au-
roit guérie; il lui cracha fur les yeux & les guérit.
Il délivra plufieurs poifedez ; entre autres un nommé
Orion tourmenté par une légion de démons.
Etant guéri il vint au monaftere avec fa femme &
fes enfans, apportant de grands prefens, N ’aviez-
vous pas lu , dit le Saint, ce qui arriva à Giezi &c à
Simon, à l’un pour avoir voulu vendre la grâce du
faint Efprit ; à l’autre pour avoir voulu l’acheter.
Et comme Orion lui difoit en pleurant : Prenez &
le donnez aux pauvres; il répondit : Vous pouvez
mieux diftribuer vôtre bien; vous qui allez par les
villes & quiconnoifiez les pauvres- Pourquoi defire-
rois-je le bien d’autrui après avoir quitté le mien?
le nom des pauvres etl fouvent un prétexte d’avarice
; la charité eft fans artifice, on ne peut mieux
donner qu’en ne gardant rien pour foi. Orion de-
meuroit trille couché fur le fable ; S. Hilarion lui
L i v r e d o u z i e ’m e .1 311
dit: Ne vous affligez point, mon fils; ce queje fais,
je le fais pour vous ôt pour moi: fi je prends ceci
j ’offenferai Dieu, 5c la légion de démpns rentrera
en vous.
Un citoïende Majume nomméItalicus, qui étoit
Chrétien, nourriffoit des chevaux pour courir dans
le cirque,‘ contre un d u u r^ ir de Gaze adorateur de
Marnas; c’étoit le nom de l’idole de Gaze, qui fi-
gnifie en fyriaque, feigneur des hommes. Italicus
fachant que fon adverfaire ufoit de maléfices pour
arrêter fes chevaux, vint à S. Hilarion lui demander
du fecours. Le venerable vieillard trouva ridicule
d’employer des prières pour un fujet fi frivole, 8c
lui dit en fouriant : Que ne donnez-vous plutôt aux
pauvres le prix de,vos che vaux pour le falut de votre
ame. Italicus répondit, que c’étoit une charge publique
, à laquelle il étoit forcé ; qu’étant Chrétien
il ne pouvoir ufer d’art magique, & avoit recours
à un ferviteur de J . C. contre les habitans de Gaze
ennemis de Dieu , qui infultoient à l’églife. A la
priere des freres, S. Hilarión fit emplir d’eau une
coupe de terre dans laquelle il bûvoit, & la lu i
donna. Italicus en arrofal’écurie, les chevaux, les
cochers, le chariot & les barrieres. Le peuple étoit
dans une grande attente; car ion adverfaire avoit
publié lachofe pour s’en moquer. Le fignal donné*
les chevaux d’Itaiicus fembloient vo le r , les autres
fembloient avoir des entraves; il s’élève de grands
cris ;, & les. payens mêmes difoient : Marnas effc
Vaincu par J . C Les vaincus demandoient en furie^,
qu’on leur livrât Hilarión le magjciea des Chr.©-
Boch. Ch an. lilr,„