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en Afrique, en Efpagne ôc en Gaule. Quoiqu’il ne
fçût ni lire ni écrire, il refte quelques ouvrages de
lui, qu’il avoit diétez en fa langue Egyptienne, ôc
furent traduits en grec & du grec en latin. Il
y a fept lettres d’un efprit ôc d’un ftile apoflrfïique,
envolées en divers monafteres, dont la principale
J ïX X V I I .
S. Hilarionven
Egypte.
Y itn Hilar.
C, 14.
qui - u . , . — &
Hier* de fcrtpi.
Bibl.
cbad*Kegtii.înit* aux Arfenoïtes. On trouve auiTi fous fon nom
une regle courte de quarante-huit articles., adref-
fée aux moines de Nacalon, qui la lui avoient demandée.
S. Hilarión apprit auffi-tôt par révélation la mort
de S. Antoine en Palefbme où ü étoit. Ariftenete ,
cette dame Chrétienne, dont il avoit guéri les trois
fils au commencement qu’il fit des miracles , l’étant
venue trouver, lui témoigna qu’elle vouîoit auffi
aller voir S. Antoine.. Il lui dit en pleurant : Je
voudrois bien y aller moi-même, f i je n’étois comme
prifonnier dans, ce monartcrc, ou fi ce voïage
pouvoir être utile t mais il y a deux jours que le
monde eft privé de ce grand homme. Elle le crut Si
s’arrêta peu de jours après- elle reçût la nouvelle
c.i?. de la mort de faint Antoine. Saint Hilarión étoit
alors âgé de foixante Si cinq ans -, ôc il y avoir deux
ans qu’il vivoit dans une extrême afrhétion,, d’être
r-îj- accablé de la multitude qui le cherchoit à caufe de
fes miracles, & de ne pouvoir j-oüir d.e la folitudc.
En effet tout le monde venoit à lu i , les évêques,
les prêtres, des troupes de clercs & de moines ; les
dames Chrétiennes, le peuple des villes & de la campagne,
les juges mêmes & les perfonnes puiiFantes y
accouraient, pour, recevoir de lui du. pain ou de
l’huile
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l’huile qu’il eût bénis. Comme les freres lui deman-
doient ce qu il avoit & de quoi il s’affligeoit, il leur
dit : Je fuis revenu dans le fiecle Si j’ai reçû ma re-
compenfe en cette vie. Voilà que toute la Palcftine
Si les provinces voifines m’elliment quelque chofe ,
Ôc fous prétexte du monaftere & des befoins des frétés
, je poifede des héritages ôc des meubles. Les freres
le gardoient donc foigneufement, & principalement
Hefychius, le plus cirer de fes difciples.
Un jour enfin il refolut de partir ôc fe fit amener
un âne : car il étoit fi atténué de jeûnes , qu’il ne
pouvoir prefque marcher. La nouvelle s’en étant ré-
panduë, comme f i la Paleftine eût été menacée de
fa ruine , plus de dix mille perfonnes de tout âge ôc
de tout fexe s’aifemblerent pour le retenir. Il 11e fe
laiffoit point ébranler par leurs prières , & remuant
le fable avec fon bâton , il difoit : Mon Dieu n’eft
point trompeur : je ne puis voir les églifcs renver-
fé e s , les autels de Jefus-Chrift foulez aux pieds, le
fang de mes enfans répandu. Tous les affiftans com-
pfenoient que quelque fecret, qu’il ne vouloir pas
déclarer, lui avoit été révélé -, ôc ils le gardoient toû-
jours de peur qu’il ne leur échappât. Il refolut donc
& protefta tout haut de ne boire ni manger, fi on
ne le laiffoit aller. Après qu’il eut été fept jours fans
rien prendre, ils le laifferent enfin : il prit congé de
la plupart, & partit avec une multitude infinie , qui
1 accompagna jufques à Bethel près de. Gaze. Là il
les congédia, & choifit quarante moines, qui portaient
leur provifion & poavoient marcher en jeû-
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