
WÊ , Draconce étoit moine, prêtre & abbé d’un mo-
LcttrcdcS. Athar . . e / 1 n /. V , , T T ' naic à Draconce. naltere. Il rut élu eveque d Hermopolis près d’A,
lexândrie, d’un confentement général même des
païens. Mais après avoir été ordonné, Û ie retira &
fe cacha, ne pouvant fe refoudre â accepter une.tellc
charge, & étant foutenu par les confeils de quelques
autres. S. Athanafe qui étoit lié avec lui d’une étroite
amitié, lui écrivit lur ce fujet une lettre, qui commence
ainfi : Je ne fçai que vous écrire. Me plain-
drai-je de votre refus : ou de ce que vous avez égard
au temps, & vous cachez par la crainte des Juifs ?
mais foit ce motif, foit un autre , il y a lieu, mon
cher Draconce , de fe plaindre de votre conduite.
I l ne falloir pas vous cacher après avoir reçu la grâce,
ni donner aux autres un prétexte de fu ir, étant,
auffi fage que vous êtes. Cette union fi peu attendue
qui a paru dans votre éleôtion , fera necelfairement
rompue par votre retraite : cette églife fera en proie
à plufieurs ; & à plufieurs qui ne vont pas droit, mais
tels que vous les connoiffez : &c les païens qui au-
roient promis de fe faire Chrétiens, demeureront
païens, vous voïant méprifer la grâce que vous avez
reçue. Quelle excufe pourrez-vous alléguer ? quel
remede apporterez-vous à tant de maux ? 0 mon cher
Draconce, vous nous avez mis dans l’afflicftion, au
♦ lieu de la joïe & de la confolation que nous attendions
de vous. Vous devez fçavoïr qu’avant votre
ordination vous viviez pour vous : à prefent vous
êtes à votre peuple : il attend de vous la nourriture,
la doétrine de l’écriture fainte. Si vous vous riour-
riifezfeul, quand Notre-Seigneur Jefus-Çhrift viendra
L i v r e t r e i z i e ’m e . 419
nous juger : quelle excufe aurez-vous d’avoir laiffé
mourir de faim fon troupeau ?
Si vous craignez le temps, où eft donc votre courage
? c’eft en ces rencontres qu’il faut montrer de la
hardieffe & duzele pour Jefus-Chnft. Eft-ce que la
difpofition des églifes ne vous plaît pas, ou que vous
ne croïez pas que le miniftere épifcopal ait farecom-
penfe ? ce feroit méprifer le Sauveur qui l’a établi î
de telles penfées ne feroient pas dignes de Draeon-i
ce. Ce que le Seigneur a ordonné par les apôtres ,
eft bon .& folide : il demeurera -, & la lâcheté des
freres ceifera. Si tous avoient eu les mêmes fenti-
mens, comment auriez-vous été fait Chrétien , fans
évêques ? & fi ceux qui viendront après nous pre-
noient les mêmes penfées, comment les églifes fub-
fifteroient-elles ? Ceux qui vous donnent de tels
confeils, croïent-ils,' que vous n’avez rien reçû,
parce qu’ils le méprifent ? Ils devroient donc croire
auffi , que la grâce du baptême ne feroit rien , pour
ceux qui la mépriferoient. N ’avez-vous pas oüi ce'
que dit l’Apôtre : Ne négligez pas la grâce qui eft
en vous. Qui veulent-ils que vous imitiez, celui
qui doutoit & qui voulant bien fuivre Jefus-Chrift,
differoit &c déliberoit à caufe de fes parens ï ou
le bienheureux Paul, qui àTinftant que le minif-
terp lui eft confié , ne déféré point à la chair Sc au
fang ? Car encore qu’il dife : Je ne fuis pas digne
d’être nommé apôtre : toutefois connoiilant ce qu’il
a reçu, & de qui il l’a reçu, il dit : Malheur à
moi, fi je ne prêche l’évangile. Au contraire en le
prêchant, ceux qu’il inftruit font fa joïe & fa coa-
H h h iij
1 . T r à . it . 14.
Luc. ix . ¿0. 61.
Gai, i .t é ,
1. Cor. x v . 9^
ibid. ix . 16.