
Mà H i s t o i r e E c c l e s u s t i q u e .
■ tremblement commença ; & comme ce n’étoit pas
l’heure de s’affembler dans les églifes, perfonne n’y
fut furpris : auffi perfonne n’eut-il le loifir de s’y réfugier
, tant cet accident fut prompt. Chacun périt
ou échappa, félon le lieu où il fe trouvoit. Il n’y
mourut que deux évêques : Cecrapius de Nicomedie
& un autre d’une ville du Bofphore : & ils furent
furpris hors de l’églife.. Le tremblement de terre ne
dura que deux heures , mais il fut fuivi d’un embra-
fement de cinquante jours. Car le feu des fourneaux,
des cuifines & des bains , des forges & des autres
lieux femblables , fe communiquant dans le renversement
des maifons aux toits & aux autres matière«
cornbuftibles, gagna par tout, & ne fit qu’un grand
bûcher de toure la ville. L ’ébranlement s’étendit.fort
loin dans le Pont & l’A fie , & en deçà de la mer dans
la Maccdoine ; on compta jufques à cent cinquante
•villes qui s’enneifentirent.
Il- y avoit alors à Nicomedie un faint folitaire
nommé Arface., Perfan de nation : qui avoir été
gouverneur des lions de l’empereur , & s’étoit rendu
illuftre entre les confeifeurs dans la perfecution de
Licinius. Aïant quitté les armes il fe retira dans la
citadelle de Nicomedie, & demeurait dans une tour,
menant la vie afeetique. Il faifoit des miracles ; &
un jour par l’invocation du nom de J . C . il arrêta
un poifedé qui courait par la ville l’épée à la main
& faifoit fuir tout le monde. Arface donc aïant appris
par révélation le malheur dont la ville étoir menacée
, & reçû ordre d’en fortir , alla promptement
a l’éghfe | & recommanda aux ecclefiaftiques, de
L i v r e q u a t o r z i é ’me . <¡0
prier avec ferveur pour appaifer la colere de Dieu. — *-----
On fe mocqua de fa prédi&ioii' , il s en retourna A n ' 3 j g:.
dans fa tour , ou il iè mit en priere profterné fur le
vifage , & le tremblement de terre étant paifé, on
l’y trouva mort en cette pofture. On dit qu’il aima
mieux mourir, que de voir la ruine d’une v ille , où
il avoit commencé à connoître J . C . & appris la phi-
bfophte chrétienne : car on nommoit ainfi la vie afeetique.
Le voïage des évêques aïant été rompu par cet jSt.
accident : les uns attendirent de nouveaux ordres de Ciira!°icts'^ ^
l’empereur,les autres declarerent par lettres leurs fen- s“i-omI ijfflfii
cimens touchant la foi. Conftantius confulta Bafile
d’Ancyre : qui lui écrivit en loüant fa pieté , le con-
folant du malheur de Nicomedie par les exemples
des hiftoires facrées ; & l’e xhom nrà preffer le concile
, & à ne pas renvoïer fans rien faire les évêques
qui étoient déjà en chemin. Il marqua Nicée pour
le lieu de l'aiTemblée, croïant faire plaifit à l’empereur
qui l’a voit nommé d’abord. Conformément à
cette lettre l’empereur ordonna que les évêques s’afi
fembleroient à Nicée au commencement de l’été de
l’année fuivante 359. excepté ceux à qui leur fanté
ne Iç permettrait pas : que ceux-là envoïeroient à
leur place des prêtres ou des diacres qu’ils clioifi-
roient, pour déclarer leurs fentimens , délibérer fur
les chofes douceufes, & refoudre tout en commun.
Que dix députez d’Occident & autant d’Orient ,
choifis par le concile, viendraient à la cour, pour
lui faire le rapport de ce qui aurait été réfolu : afin
qu’il vît auffi s’il étoit conforme aux faintes écritu