
agens de l ’empereur ; & l’en tirèrent avec violence •
le traînant par terre & le portant à la rehverfe à de-
mi-nud. Ils le mirent dans une autre fn a ifo n , où ils
le gardèrent pendant quatre jo u r s , enfermé dans une
petite chambre : difant qu ’ils avoient reçû ce pouvo
ir de l’empereur. Là ils v en o ien t lui faire des reproches
& le preifer d’entrer dans leurs fentimens : mais il
s tm o . i t . appen. leur abandonnoit ion corps , comme à des bourreaux,
n . i . ' ’ fans leur répondre une parole. On dit qu’entre autres
tou rmens, ils le traînèrent à la renverfe fur un
e fc a lie r , en defeendant & en montant. Ils empêchèrent
les prêtres & les diacres de le venir v o ir comme
au p a ra v an t, & le menacèrent de fermer la porte
à tous les autres. Alors il fit une proteftation contre
eux , qui com men çoit ainfi : Eufebe ferviteur de
D e u , avec fes autres ferviteurs qu i fouffrent avec
moi pour la fo i : à Parrophile le g eô lie r & aux fiens.
Après leur a vo ir reproché leurs v io le n c e s , il leur déclare
: qu’ il ne mangera p o in t de pain &c ne boira
point d’eau , qu’ils ne -lui aient tous promis & p a r
é c r it , de ne point empêcher fes f r e r e s , qui fo u ffren t
p our la mênae c au fe , de le v enir voir , & lu i ap p o rter
de chez eux la nourriture heceiTaire. Autrement
il protefte qu’ils feront coupables de fa mort, & qu’il
écrira à toutes les églifes : afin que tout le monde
connoifTe ce que les Ariens fo n t fouffrir aux catholiques.
Après fa fo u fcn p tion il ajoûtoit : J e te conjure
toi qui lis cette lettre , par le P e re , le Fils & le
S. E fp riü , de ne la pas fu p p r im e r, mais de la faire
lire aux autres.
Après qu’il eut été ainfi quatre jours fans inan-
L i v r e t r e i z i e ’me . 511
ger , ils le ren vo ïe ren t ençore à jeun à io n premier
logis : tout le peuple le reçut avec jo'ie , & entoura
de lampes cette naaifon. Saint Eufebe recommença a
faire des aumônes : les A riens ne le purent fouffrir :
au bout de v in g t cinq jours ils revinrent a fon logis,
armez de bâtons avec une multitude de gens perdus
; & aïant rompu la muraille d’une ma ifon voi-
f in e , ils fe jetterent fur lui avec v io le n c e , 1 enlevèrent
encore & l’enfermerent dans une p rifon très-
étroite avec un prêtre nommé T e g r in . Ils enleverent
& enfermèrent auffi les autres pretres & les diacres
qui l’ac.compagnoient ; & trois jours après les en-
vo ïe ren t en ex il en divers lieux , de leur autorité pri-_
vée. D ’autres qui étoient venus le vo ir furent en fe rmez
pendant plufieurs jours dans la prifon publique.
N o n contens de mettre en prifon les hommes
qu i le fe rv o ie n t, ils y mirent auffi des rehgieufes ;
puis revenant à- fon logis , ils pillèrent tout ce qu’il
y a v o ir , fo it pour fes b e fo in s , foit pour ceux des
pauvres ;& comme toute la v ille en m u rm u ro it, ils
rendirent quelques meubles de peu de confequence
&: gardèrent l’argent. Cependant ils empêchoient
qu’aucun des fiens ne lui portât à manger > & comme
il ne v o u lo it rien recevoir d’e u x , il demeura fix jours
fans prendre aucune n o u r r itu re , & fu t prêt à mourir
de défaillance. E n fin le fixiéme jour preffez des cris
de diverfcs pe rfon n e s ,, ils laifferent approcher un des
fiens pour le fecourir.
Le diacre Syrus ne fu t point arrêté avec les aut
r e s , parce qu’il é to it allé v ifiter les faints lieux.
Qu,and il fu t de re to u r , S. Eufebe trou va moïen de