
*4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ait eu un tems auquel ne fût pas celui qui a fait
tous les tems; c’eft-à-dire, que la caufe foit pofte-
rieureà l’effet ?
Il applique ici ces paroles de S. Paul .* Qu’il eft
ij. ne avant toute créature: Que Dieu l’a établi héritier
de tout, 8c qu’il a fait par lui les fiecles-mêmes. Et
encore : Tout a été créépar lui dans le ciel & fur la
terre;les chofes vifibles & les invifibles,les prin-
l6, eipautez , les puiffances 8c le refte, 8c il eft avant
toutes chofes. Le pere eft donc toûjours pere, parce
que le filsexifte toûjours avec lui. C’eft une impieté
de dire, que la fageffe de Dieu , ou fa puifi
farice 'n’ait pas toûjours été ; que fon verbe ait été
autrefois imparfait; ou de nier l’éternité des autres
nations, qui earaéterifent le pere 8c le fils. La filiation
du Sauveur n’a rien de commun avec la filiation
des autres; étant conforme à la nature divine
du pere, elle le met infiniment au deffus de ceux
qui font devenus par lui enfans adoptifs.
Il eft d’ une nature immuable , étant parfait 8C
fans aucun befoin de rien ; les autres étant fujets au-
changement en bien ôc en mal, ont befoin de fon:
fecours. Car quel progrès pourroit faire la fageffe
de Dieu? que pourroit apprendre la verité-même ?
comment fe pourroit perfectionner la v ie , la vraye
lumicre ? Mais combien eft-il plus contre la nature,,
que la fageffe devienne j amais fufceptiblc defolie,ou
la puiffance de Dieu de foiblcffe ; que la raifon foit:
deraifonable, ou la vraye lumière mêlée de tene-
bres? Ceux qui font fes créatures , les hommes &
les anges, ont reçu des benedi étions pour croître
L i v r e D t x i e ’ me . 8j
en s’exerçant aux vertus 8c aux préceptes de la loi,
afin de ne point pecher. C ’eft pourquoi N. S. J . C.
I étant par nature fils du pere, eft adoré de tous : Les R‘’'"•T" r• x*
autres, quittant l’efprit de fervitude , 8c recevant
l’efpric d’adoption par le progés dans les bonnes
oeuvres, deviennent par fa grâce enfans adoptifs.
S. Paul déclaré fa filiation véritable, propre, naturelle,
excellente en difant de Dieu:Il n’a pas épar- Rom, v r n . fT.
gnéfon propre fils, mais il l’a livré à la mort pour
nous tous ; car il l’appelle fon propre fils, à la diffe-
I rencede nous, qui ne le fournies ni proprement ni
I par nature. Il rapporte encore ce paifage de l’évan-
I g ile : Celui-ci eft mon fils bien-aimé en qui je me MMtl”
I plais; 8c ces deux des pfeaumes? Le Seigneur m’a %■ -«j’. ^
J d it: T u e s mon fils, ôc je t’ai engendré de mon
I fein avant l’aurore: Tout celapour montrer qu’il eft
I fils véritablement 8c par nature.
S. Alexandre ajoûte : Je laiffe plufieurs chofes, suite^eÎiet-
I que je pourrois dire, mes chers freres; craignant tre de
I d’être importun fi j ’ufois de plus long difeours en X“ drc'
I parlant à des doéfceurs, qui font du même fentiment.-
■ Ou voit ici 8c en quelques autres endroits, que faint
■ Alexandre adreffe la parole a plufieurs évêques ; ce-
■ qui fait croire que c’eft une lettre circulaire, il con-
I tinuë : Vous êtes inffiruits de Dieu-même, 8c vous
I n’ignorez pas, que cette nouvelle doétrinene foie
I celle d'Ebion 8c d’Artemas, êc une imitation de
■ Paul de Samofate, qui1 a été chaffé dé l'églife par
■ un concile, 8c par le jugement de tous les évêques
1 du monde. Lucien lui iucceda, 8c demeura feparé
I plufieurs années fous trois évêques ; 8c ceux-ci font-
L iij,