
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
tragédies paffionnées ou des comedies deshonnêtes.
Mais elle lui fa ifo it apprendre les parties de l'écriture
fa in t e , les plus proportionnées à fon âge , principalement
les livres de Salomon & les pfeaumes : dont
le chant lui de v in t iï familie r , qu’il accompagnoit
toutes fes a é t io n s , en T e levant du l i t , en s’appliquant
à fon t r a v a i l , en fe repofant ; entrant & forçant
de t a b le , fe couchant & fe relevant pour p r ie r ,
elle ch an toit toûjours des pfeaumes. E lle cxc elloit
dans les ouvrages de laine , qui faifo ien t l ’occupatio
n ordinaire des femmes ; & dès l ’âge de douze
ans fa beauté fu t d’un fi grand é c la t , qu’un grand
nombre de jeunes gens la recherchèrent. C e lu i que
fon pere a vo it ch o ifî entre tous mourut a v an t l’ac-
complilfement des noces ; & Macrine en prit p ré texte
de demeurer vie rg e : .difant qu’elle le regar-
d o it toûjours comme fon ép ou x , & leur feparation
comme un vo ïa g e , par l’efperance de la refurrec-
tion. E lle demeura donc attachée à fa m e r e , lui rendant
toutes fortes de fe rv ic e s , jufques à lu i fa ire fon
p a in & la nourrir du travail de fes mains : & elle lui
fu t d’un grand fecours après la mort de fon pere
pour foûtenir tout le poids de fa nombreufe fam ille
6 c l ’adminiftration de fes grands biens répandus en
trois provinces. T e lle étoit fainte Macrine ; & faint
B a file à fo n retour d’Achenes trou va fa fam ille en
cet état.
Il commença a lo r s , d it-il lu i-m êm e , à s’év eiller
comme d’un p ro fo n d fom m e i l, à regarder la vraie
lumière de l’é v a n g ile , & à reconnoître l’inutilité de
la fageife humaine : il déplora fa jeuneife co a fu -
L l V R E QJ J A TOR Z I E ’m E.
mée dans l ’a cquifition des fciences vaines ; & aïant
lu dans l ’é v a n g ile , que le principal moïen pour la
perfedtion eft de vendre fes b ie n s , les donner aux
pauvres , & fe décharger entièrement des foins &
des affeétions de la vie : il defiroit de trouver q u e lqu’un
qui eût fu iv i ce chemin 6 c qui pût lu i fe rv ir
de guide. Dans ce deifein il entreprit des volag es ,
& il trouva plufieurs de ces faints qu’il cherchoit
près d’A le x an d rie & dans le refte de l’E g yp te : il en
trou v a en Paleftine , en Syrie & en Mefopotamie :
car la vie monaftique s’étoir déjà répandue dans
toutes ces provinces. I l admira leur ab ftin en c e , leur
fermeté dans les travaux , leur applica tion à la prière
. C omme ils avoient dompté le fom m e il, & ne
cedoient à aucune necelfité de la nature , gardant
toûjours leur ame libre 6 c élevée , dans la faim , la
f o i f , le fro id &c la nudité : négligeant le corps , 6 c
n e daignant lui donner aucun fo in : mais v iv an t
comme dans une chair étrangère , 6 ç montrant par
les effets , ce que c’eft d’être voïageurs ic i-b as & ci-
toïens du ciel. C e font les paroles de S. B a file , & il
ajoûte qu’il fu t touché d’un defir ardent d’imiter de
tels exemples.
Saint Grégoire de Na z ianz e quitta Athènes peu de c*rm. i.p. 5. b.
temps après lu i dans l ’impatience de rejoindre un tel
ami. C e ne fu t qu’à fon retour qu’il reçut le baptême
; & dès lors il renonça à la gloire , aux delices 6 c
aux biens de la terre , pour s’appliquer à une vie
vraïement chrétienne. I l méditoit les iaintes écritu
r e s , pour purifier fo n e fp r itd e la corruption des c a rm .^ .p .i.
livres profanes. I l domptoit fa chair 6 c l’ardeur de
Y y y ij