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Si H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
c’ etoit une ancienne réglé, qu’un évêque ne dévoie
pas recevoir ceux qui avoient été excommuniez par
un autre ; & nous la liions entre les canons attribuez
aux apôtres.
Enfuite il rapporte ainfi leur fauffe doétrine : Ils
difent q u ll y avoir un cems où le fils de Dieu n e-
toit point, qu’il a été fa it , après n’avoir point ete *
8c qu’il a été fait tel que font naturellement tous les
hommes. Car ils dïlent, que Dieu a tout fait de rien»
8c comprennent le fils de Dieu dans la création de
tout ce qui eft; confequemment ils difent qu’il efh
de nature changeante, fufceptible de vice 8c de vertu.
Nous pouvons aufli, difent ces feelerats, devenir
enfans de Dieu comme lu i; car il eft écrit : J ’ai
engendré des enfans 8c les ai élevez. Et quand on
leur objeète les paroles qui fuivent : Et ils m’ont mé-
prifé ; ils font aifez impies pour répondre» que
Dieu aïant prévû que ce fils ne le méprifoit point -r
l’a choiiî entre tous, fans qu’il ait rien de fa nature»
qui le diftingue des autres fils. Car , diient-ils , il
n’y a perfonne qui foit naturellement fils de Dieu»,
ni qui lui appartienne proprement ; mais celui-ci
étant changeant de fa nature a- été choifi, parce qu il
s’eft exercé à la vertu avec tant d’application qu’il ne
s’eft point changé en pis. Enforte que fi Paul ou
Pierre avoient fait le même effort, leur filiation ne
differeroit point de la fienne. Et ils détournent a ce
fens ces paroles du pfeaume : Tu as aimé la juftice
8c haï l’iniquité ; c’eft pourquoi, ô Dieu, le Seigneur
ton Dieu t’a oint de l’huile d’âllegreffe, plus excellemment
que les autres.
L i v r e D i x i e ’m e : 83
Après avoir ainfi rapporté les blafphêmes d’Arius,
il explique la do&rine de l’églife. Et premièrement
il infifte fur cette parole de S. Jean : Le fils unique j».
qui eft dans le fein du pere , pour montrer qu’ils
font inféparables. Et pour montrer [qu’il n’eft pas
mis au nombre des chofes tirées du.néant, il examine
ces paroles : Au commencement étoit le verbe, jt.
& le refte. Si toutes chofes, dit-il, ont été faites par
lu i , comment celui qui a donné l’être aux créatures,
peut-il n’avoir pas toujours été ? Car la raifon
ne peut comprendre que l’ouvrier ioit de même nature
que l’ouvrage: Or il eft contraire ,8c entièrement
éloigné d’être au commencement, 8cd’avoir commencé
d’être ; au lieu qu’on ne voit aucune diftance
entre le Pere 8c le Fils , pas même concevable par la
penfée, S. Jean confiderant donc de loin que le verbe
étoit Dieu , 8c qu’il étoic au-deffus de l’idée des
créatures, n’a point voulu parler de fa génération
8c de fa produètion, n’ofant pas employer les mêmes
mots pour nommer le créateur 8c la créature.
Non que le verbe ne foit engendré ; il n’y a que le
pere feul qui ne le foit point : mais parce que la production
ineffable du fils unique de Dieu furpafïe la
penfée des évangeliftes, 8c peut-être même celle
des anges. Au refte , c’eft une imagination infen-
fée que le fils foit tiré du néant, 8c que fa production
foit temporelle. Car ce que l’on dit qu’il n’étoit
pas, doit fe rapporter à quelque efpace de tems ou de
fiecle : or s’il eft vrai que tout a été fait par lu i, il eft
clair.que tout fiecle, tout tems, tout efpace eft fon
ouvrage ; 8c comment n’eft-il pas abfurde qu’il y