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Ch*}. 17 .
xc> H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e '.
Saint Antoine ayant marché avec eux trois jours
trois nuits, arriva à une montagne très-haute,
fous laquelle couloit une eau douce , claire ôc fraîche
; autour étoit une plaine ôc quelques palmiers
négligez, il s’afteébionna à ce lieu là ; ôc aïant pris
du pain de ceux qui l’avoient conduit, il y demeura
ieul, le regardant comme fa maifon. Les Sarrafins
y repaifoient exprès, 8c luiapportoientvolontiers
du pain , il recevoir auifi quelque petit foula-
gement des palmiers. Cette montagne eft à une
journée de la mer rouge, ôc on la nomma Colzim
ou le mont faint Antoine. Les freres ayant découvert
le lieu de fa retraite , eurent foin de lui en-
voïer du pain. Mais voulant leur épargner un fi
grand trav a i l , il les pria de lui apporter un hoïeau
avec une coignée ôc un peu de bled ; puis ayant
confideré la terre d’autour la montagne , il en laboura
un petit endroit le mieux arrolé, 8c y fema.
Ainfi il recuëiüoit tous les ans de quoi faire fon
pa in, 8c avoit la joïe de n’être à charge à perfonne.
Mais voyant que quelques perfonnes le venoienc
chercher, il cultivaaufli quelques herbes pour leur
donner un petit rafraîchiïfemenr après ce pénible
voïage. Les freres qui le fervoient le prièrent de
trouver bon qu’ils lui apportaflent tous les mois
des olives,des légumes 8c de l’huile; car il étoit déjà
vieux, ôc en 315. il eut foixante-cinq ans. il fai foi t des
corbeilles qu’il donnoitàceuxqui le venoient v o ir ,
au lieu dé ce qu’ils lui apportoient. Ceux-ci entendaient
fpuvent un grand tumulte de voix, ôc comme
un bruit d’armes, 8c voyoient la nuit la montagne
pleine
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pleine de bêtes farouches, tandis qu’il étoit en prière.
Carilfoûtint dans ce defert de terribles tentations.
Etant prié par les freres de defcendre de la mon- '
tagne pour les aller voir; ilpartit avec eux faiiant
porter fur un chameau du pain ôc de l’eau. Car
tout le defert eft fec , ôc il n’y a de bonne eau que
dans cette montagne feule où étoit fon monaftere.
L ’eau leur manqua dans le chemin par une chaleur
très-violente, ôc après en avoir cherché de tous cotez
, ne pouvant plus marcher, ils étoient couchez
par terre fans efperance, laiflant aller le chameau a
l’aventure. Le S. Vieillard pénétré de douleur de les
voir en ce péril, s’écarta un peu en foupirant, ôc fe
mit en priere à genoux les mains étendues. Auili-
tot le Seigneur fit fortir de l’eau de l’endroit où il
s’écoit mis en priere, ils burent tous ôc reprirent haleine,
remplirent leurs outres, cherchèrent le chameau
ôc le trouvèrent attaché à une pierre, ou fa
corde s’ctoit accrochée par hazard; ainfi ils achevèrent
heureuiement leur voïage. S, Antoine étant
arrivé aux monafteres de P ifper, il y fut reçu comme
un pere, ôc fentit une grande joïe de voir ia ferveur
des moines, ôc fafoeurqui avoit vieilli dans la virginité,
quiconduifoit d’autres vierges. Après quelques
jours il retourna à la montagne, où plufieurs
continuoient de l’aller trouver, pour recevoir fes
inftruétions ou la guerifon de leurs maladies.
Entre autres avis importans, .il confeilioit cette, ’
pratique pour éviter le péché. Que chacun de nous,
difoic-àl, marque ôc écrive fes aélions Ôc les .mouve-'
Tome l li . C