
6ï€ H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
s’accommoder a fon humilité. A ïan t été averti en
fong e d’aller vo ir fes parens , qui étoient encore
p a ïen s , il o b tin t fon congé de S. H ila ire , qui lui fit
promettre de revenir. I l conve rtit fa mere & plu-
ficurs a u t r e s , niais fon pere demeura païen. Martin
re lifta fo rtemen t aux A r ie n s , qui dominoient en II-
ly r ie : jufques à être plufieurs fo is m a lt ra ité , & enfin
battu de verges &c chaffé de la. v ille . I l revint
donc en Ita lie , & fçachant que l’ég life de Gaule
étoit aufti troublée & faint H ila ire exilé : il fe retira
-près de M i la n , y menant la vie monaftique . Mais
il y fu t encore violem ment perfecuté par l’évêque
A r ie n Aux enc e un des chefs du p a r t i , qui le chalfa>
en fin du pars. Saint Martin crut d e vo ir ceder au
tem p s , & fe retira en la petite iile Gallinaire à la
côte de Ligu rie près d’A lb e n g u e , a vec un prêtre de
grande ve rtu. I l y vé cut quelque temps de racines ;
& aïant un jou r mangé par mégarde de l’hellebore ,
i l en penfa mourir , mais il fe guérit par la priere.
A ïa n t appris le retour de faint Hila ire , il alla au devan
t de lui jufques à R om e : & comme il étoit déjà
p a f f é , il fu iv it fes traces. L ’aïant jo in t , il en fu t
re çu très-agréablement ; & fe mit en retraite près
de Poitiers à deux lieues de la v ille ; & c’eft le premier
monaftere que nous connoiflïons dans les Gaules.
U n catecumene s’y jo ign it à lui pour recevoir
fes inftruétions : peu de jours après la fievre le prit ,
& S. Martin qui é to it d eh o r s , étant revenu au bout
de trois jo u r s , le trou v a m o r t , fans a voir reçû le
baptême , tant il a vo it été furpris. I l fait fo r t ir tou t
le monde ; & s’étant enfermé fèul dans la cellule
où
L i v r e q u a t o r z i e ' m e . * ¿17
où étoit le c o rp s , il fe touche deffus ; & après y
a voir été quelque temps en o ra ifo n , il fe releva
le regardant fix em e n t , il attendoit l’effet de. fa priere
avec une grande? confiance. A u bout de deux heures
tous les membres du mort commencèrent à fe rem
u e r , & enfin il o u v r it les y eu x . E tant revenu en
v ib , il fut àuffi-tôt b ap t ifé , & vécut enfuite p lu -
fieurs années. Peu de temps a p rè s , comme S. M a r tin
paffoit dans la terre d’un homme confiderablé nommé
L u p ic in , il entendit de grandscris, & apprit quun-
des efclaves s’étoit pendu. I l s’enferma de même
avec le co rp s, & aïant prié quelque tem p s , le releva
& le mena par la main jufques au veftibu le de la
m a ifo n , où tout le monde atténdoit. Ces miracles
firent regarder faint Martin comme un homme apo-
ftolique .
S. Hilaire reffufeita auffi un enfant qui étoit mort
fans baptême. Il trouva à fon retour fa fille 'A b ra
en p ^ fa it e fanté ; & lui demanda fi elle vou loir aller
trouver l’époux qu ’il lui a vo it deftiné. E lle répondit
qu’elle défiroit ardemment de lu i être unie au
p lû tôt. A lo rs il ne ceffa point de prier , jufqües à ce
q u e , fans maladie &c fans dou leu r, elle mourût pour
aller à J . G . & il l’enfevelit de fes propres mains.
L ’époufe de faint Hila ire voïant l’heureüfe fin de fa
f i l le , le pria de lui procurer le même bonheur : il
l envo ïa auffi à la gloire éternelle par la fo rce de fes
prières : tant il étoit détaché des affections de la chair
& du fan g.
C e fut vers le temps de fon retour qu’il éc rivit fon
traité contre l’empereur Conftantius : mais an croit
T o m e I I I . I i i i
T o r t u n . <vsta § 0.
Hilar. lib, î» irn
fine.
X X Y T .
Ecrit de S. Hsalaire
contre Coaw
fiant ms.