
ces Grecs qui n’avoient aucune langue à apprendre ?
il ne falloit que de l’e'fpric pour afpirer à toutes fortes
de fciencës. Son premier maître fut Paulin , qui
de f évêché d çT y r paifa à celui d’Antioche après la
dépofidon de S. Euftathe. Mais Paulin étant mort
fix mois après, Eulalius qui lui fucceda, chaifa Aë-
tius d’Antioche. Il fe retira à Anazarbe en C ilic ie ,,
& fe mit d’abord au fervice d’un grammairien , qui
lui enfeigna fon art : puis il fe retira auprès de l’évê-
que d’Anazarbe nommé Athanafe : de-là il pafTa à
Tarie , où il demeura aifez long-temps auprès d’un
prêtre Arien nommé Antoine , qui fe vantoit auifi-
bien qu’ Athahafe d’ Anazarbe, d'être difciple de faint
Lucien. Carda plûpart des premiers Ariens fe fai-
foient honneur d’un tel maître , comme Arius même.
Aëtius revint enfuite à Antioche, pour écouter
79. ti. Leonce^qui n’étoit encore que prêtre. Il fut auffi dif-
ciplé d’Euifcathc depuis évêque de Sebafte, qui étoit
à Antioche vers le même temps. Mais comme Aëtius
ne pou voit retenir fa langue, il fut encore chaifé
d’Antioche & retourna en Cilicie : où il s’attacha à
difputer avec un de ceux que l’on nomrnoit Borbo-
riens, & qui étoient les plus infames des Gnoftiques : ■
Aëtius fut entièrement vaincu , & en penfa mourir
de chagrin : mais il prétendit avoir eu une vifion ce-
lefte, pour le confoler & le rendre deilors invincible
dans la difpute.
Il alla enfuite en Egypte, pour voir à Alexandrie
un chef des Manichéens nommé Aphthone , qui
avoit la réputation d’une grande fageife & d’une
grande éloquence : mais Aëtius étant entré en difpute
L i v r e d o u z i e ’ m e . 393
pute avec lu i , lui ferma la bouche en peu de paroles
; & le couvrit d’une telle confufion , qu’il tomba
malade & mourut au bout de fept jours. Ce fut à
Alexandrie qu’Aëtius s’appliqua à la dialeébique fous
un fophifte feêtateur d’Ariftote : il ne s’occupoit qu a
réduire en figures de fyllogifmes la doétrine de 1 e-
glife touchant le verbe divin ; & il demeuroit aifis
depuis le matin jufques au foir , appliqué à' former
une théologie en méthode géométrique. Il s’atta-
choit fort aux catégories d’Ariffcote, dit l’hiftorien
Socrate peut-être fous ce nom entend-il toute ià
logique. Il ajoûte qu’Aëtius ne comprenoit pas le but
de cet ouvrage , qui n’étoit que d’exercer les jeunes
gens contre les Sophiftes , qui fe mocquoient de la
vraïe philoiophie : c’efl: pourquoi les Académiciens
feéfateurs de Platon blâmoient cette méthode d’Arif-
rote. Mais Aëtius demeura dans ces fubtilitez , faute
d’avoir été inftruit par un Académicien ; & se put
jamais comprendre qu’il pût y avoir de génération
éternelle. Il avoit fort peu d’étude : mais un grand
exercice de difputer, comme en peut avoir un homme
ruftique. Il ne connoiifoit prefque pas la fainte
écriture , & n’avoit point étudié les anciens interprètes,
comme Clement d’Alexandrie, Africain & Ori-
gene.
Sa hardieffe à difputer fur la nature de Dieu , fit
que le peuple lui donna le furnom d’Athée. Toutefois
il fe vantoit de connoître Dieu auifi clairement,
qu’il fe connoiifoit lui-même ; & abufant de ce paifa-
ge de l’évangile : Que la vie éternelle eft de connoître
Dieu & J . C. il reduifoit toute la religion de cette
Tome I I I . D d d
Epifk. h it . 76.
n. z.
Socr. lib. 11. c. 3j.
V . A u g . iy . Conf.
c. 16.
Sozotn. lib. n i .
c. iy .
Epiph. h&r. 7 6.
n. 4.
Jo a n . x v i i . 3.