
240 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
jgD| Delà on pafloic dans une grande place pavée de
marbre, 8c environnée de longues galeries de trois
côtez, c’eft-à-dire , excepté le côté du Levant où
étoit 1 églife. Elle étoit admirable pour fa hauteur,
fa longueur 8c fa largeur; le dedans étoic incrufté
de marbre de diverfes couleurs ; le dehors bari de
pierres fi polies 8c fi bien jo inte s, qu’elles ne ce*
doienc pas au marbre en beauté. Le toic étoit couvert
de pomb , 8C revêtu en dedans d’un lambris
orné de fculptures ,8c tout doré, jettant un éclat
merveilleux.De chaque côté de l’égiife étoient deux
galeries à deux étages, l’une en bas, l’autre en haut:
elles s’étendoient par toute la longueur de l’églife,
& leurs voûtes étoient auffi enrichies d’or. Celles
qui joignoient le corps de l’églife étoient foûtenuës
de grandes coiomnes ; celles qui étoient au delà ,
s’appuyoienr fur des pilaftres très-ornez. il y avoir
trois portes tournées à l’Orient, c’eft-à-dire, qu’on
regardoit l’Orient en y entrant. Vis - à - v i s , 8c au
chef de tout l'édifice étoic un demi cercle couronné
de douze coiomnes en l’honneur des douze Apôtres;
8c leurs chapiteaux étoientornez de grandes coupes
d’argent. Ce demi cercle étoit le preibytere ou
fanétuaire, au milieu duquel étoit l’autel.
En fortant de l’églife hors la cour qui a été marquée,
on trouvoit une avant court, accompagnée
de deux galeries, une de chaque côté On en fortoit
par une porte qui fervoit d’entrée à tout le lieu faint,
8c donnoit fur une grande place où fe tenoit le marché.
Ce premier veftibule étoic magnifiquement
orné ; Scies paifans étoient frappez de ce qu’ils en
découvroient,
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découvroient au dedans. Telle étoit l’églife du faine
Sepulcre, au rapport d'Eufebe qui aififta à la dedica-
ce.Ilajoûte que l’empereur l’avoitpourvûë avec une
magnificence royale,d’une quantité innombrable de
vafes d or & d’argent, ornez mêmedepierteries. Au
reft&, ceux qui vont aujourd’hui vifiter les faints
lieux, y chercheroient inutilement lesveftiges de
ce fuperbe édifice ; il a été plufieurs fois ruiné 6c
rebâti. Il fut entre autres abattu l'an ieo^i. par Aziz
ou fon fils , l’un des Califes Fatimites, 8c rétabli par
l’empereur Michel Paphlagonien, environ trente
ans après. Autour de l’églife bâtie par Conilantin-,
fe forma une nouvelle ville, qui femblojt à quelques-
uns êcre la nouvelle Jerufalem prédite par les prophètes.
Ce qui eft certain, c’eft qu’elle n’étoit pas
à la place de l'ancienne, au dehors de laquelle
étoient le faint Sepulcre 8c le Calvaire. Depuis ce
tems elle perdit le nom d’Elia, que l’empereur
Adrien lui avoit donné environ deux cens ans auparavant
: elle reprit le nom de Jerufalem, 8c ne ceila
d’être frequentéepar les pèlerinages des.Chrétiens,
que la pieté y attiroit de toutes les parties du monde.
Pendant la fête de la dédicacé, les évêques occu-
poient le peuple de divers exercices de pieté. Les
uns offroient des facrifices non fanglans , 8c des
prières pour l’églife , pour l’empereur 8c pour fes
enfans. Ceux qui étoient les plus favans 8c les plus
éloquens, faifoientdes difeours publics ; foie pour
expliquer ce que l’on avoit lû des faintes écritures
8c en découvrir le fens myftique , foie pour enfei-
gner la théologie la plusfublime; foie pour faire
A n. 3 3 j .
GlaberMb. i ï I»
c. 7. Cedreti. an» 9f-i 8.p, 7®i. Id»
p.. S 31.
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Sub. I, n i . ».'14.
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