
A N.
58* H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
qu’il n’étoit point du tout créature : & Valens eji-
tendoit, qu’il étoit créature, m^îs plus parfaite que
les autres. Us reconnurent trop tard le double fens
de cet équivoque ; &c leur faute confîfta principalement
à s’y être laide, furprendre. Valens ajouta ;
Si quelqu’un dît, que le fils de Dieu eft tiré du néant
& non pas de Dieu le pere, qu’il foit anathême.
Tous s'écrièrent de même. Enfin il dit : Si quelqu’un
dit : Il y avoir un temps auquel le fils n’étoit
pas: qu ilifoit anathême. Tous répondirent : Qu’il
foit anathême. Cette parole de Valens fut reçûe
de tous les évêques & de toute leglifé , avec un
applaudi ffement & 'une joïe extraordinaire : parce
que ces expreflions fembloient être le caractère
propre de l’Arianifme. Ils élevoient jufques au
ciel Valens, par leurs louanges ; & condamnoient
avec repentir les foupçons qu’ils avoient eus de
lui. Alors l’évêque Claude ajouta : Il y a encore
quelque chofe qui eft échappé à mon frere Valens r
nous le condamnerons , s’il vous plaît, en commun,
afin qu’il ne refte aucun fcrupule. Si quelqu’un dit ,
que le fils de Dieu eft avant tous les fiecles, mais
non avant tous les temps abfolument : en forte qu’il
mette quelque chofe avant lui : qu’il foit anathême.
Tous répondirent : Qu’il foit anathême ; & Valens
condamna de même plufieurs autres propofitions ,
qui fembloient fufpeéfces, à mefure que Claude les
prononçoit. Telle fut la fin du concile de Rimini ,
dont les commencemens avoient été fi beaux : &
les eveques retournèrent avec joie à leurs provinces,
ne s’appercevant pas, qu’ils avoient été trompez.
L i v r e q j i a t o r z i e ’m e . 383
Avant que de fe féparer, ils envoïerent à l’empereur
des députez : dont les premiers étoient Urface, V a lens,
Mygdonius, Megafius., Caïus, Ju ftin , Optât
& Martial ; par-là on voit le parti qui avoit prévalu
dans la fin malheureufe de ce concile : dont les actes
refterent, & font citez par S. Jerôme., Les députez fe
fendirent à C . P. où ils trouvèrent ceux du concile
de Seleucie.
Car en.même-remps que. les évêques d’Occident
étoient à Rimin i, les Orientaux s’aiTemblerent à
Seleucie j métropole de l’Ifaurie , &furnommée la
rud e , fans doute à caufe des montagnes: Il ’ s’y
trouva cent ioixante évêques de trois dtfferens partis
: des Demi-Ariens, des Anoméens & des catholiques.
Les principaux des Demi-Ariens étoient,
George de Laodicée , Eleuzius de Cizique, Sophro-
nius de Pompeïopolis en Paphlagonie, Silvain de
Tarfe , Macedonius de C . P. Bafile d’Ancyre & Eu-
ftathe de Sebafte : c’étoit le plus grand nombre , &
il y en avoit jufques à cent cinq. On comptoit environ
quarante Anoméens ; & à leur tête Acace de
Cefarée, George d’Alexandrie, Eudoxe d’Antioche,
Uranius de T y r , Patrophile de Scythopoiis. Le plus
petit nombre , étoit des catholiques défenfeurs du
confubftantiel 3 & ils ne pouvoient guere être que
quinze, la plûpart Egyptiens. S. Hilaire de Poitiers
s'y trouva auffi par la providence divine. C ’étoit
la .quatrième année de fon exil en Phrygie ; ôc
quoiqu’il n’y eût aucun ordre particulier pour
lui , toutefois fur l’ordre général d’envoïer tous les
évêques au concile , le vicaire du prefet du prétoire
A n . 3 3 9 .
Epift. Orient, ap.
H i l a r . fragm. p»
418.
Hier. A d v ,
Lucifer, c. 7.
X V .
Concile de Seleucie.
Socr. 11. c. 59.
Athcm. du f/n . p'.
580.
So&otn. I V . c.
Hilar. ad Çonfil
p. Ï91. B.
Sulp. Sever. 1 .
p. 451.