
i i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .’
nua fon.voyage, 8c lorfqu’il fe fentoit flatté par les
plaifirs des fens, ilrepouifoit les tentations par le
fouvenir de fa promeiîe.
La guerre fin ie , Pacome eut congé 8c retourna
en Thebaïde. Il alla à l’églife d’un bourg nommé
Chinobofque où il fut fait catecumene, 8c peu
de tems après baptifé. Enfuite ayant appris qu’un
vieillard nommé Palemon fervoit Dieu dans le fond
du defert; ila lla le tro u v e rà l’heuremême 8c frappa
àla porte de la cellule. Le vieillard l’entr’ouvrit un
peu j lui dit d’un ton fevere : Qpetlemandez-vous î
Pacome d it: Dieu m’a envoyé vers vous pour être
fol itaire. Palemon répondit : Vous ne le pouvez
être ici. La vie monaftique n’eft pas une chofc facile,
plufieurs font venus ici dégoûtez du monde 8c n’ont
pas perfeveré. Comme Pacome infifto it, Palemon
ajouta: Je vous a i.d é jà dit que vous ne pouvez
être reçu dans ce monaftere, allez dans un autre,
8c quand vous y aurez pratiqué la penirence quelque
tems , je pourrai vous recevoir. Mais confi-
derez, mon fils, que je ne mange que du pain 8c
du fel, je n’ufe jamais d’huile, je ne bois point de
v in , je veille la moitié d e là nuit 8c je l’employe à
pfalmodierouà méditer l’écriture fainte , quelquefois
je pafle la nuit entierefans dormir. Ces parole»
faifoient trembler Pacome, 8c toutefois il s’ engagea
à tout, avec tant de fo i, que Palemon lui ouvric fa
porte, & lui donna l’habit monaftique. On voit
ici l’antiquité de ces pratiques : car la converfion
de faint Pacome ne peut guere être arrivée plus tard
que l’an 313.
L i v r e d i x i e ’ m e . 23
il demeura donc avec S. Palemon travaillant à
filer du poil 8c en faire des facs, pour avoir de-
quoi nourrir les pauvres. Un jour de Pâque Palemon
dit à Pacome d’aprêter à manger pour lalo-
lemnité de la fête. Pacome mêla un peu d’huile au
fel qu’ils avoient accoutumé de prendre avec les
herbes fauvages, mais Palemon l’ayant v u , fe fra-
pa le front, dit avec larmes: Mon Seigneur a été
crucifié & je mangerai de 1 huile; 8c ne pût jamais
s’y refoudre. Quelquefois il mangeoit fans boire,
quelquefois il beuvoit (ans manger. Et comme on
l’exhortoit à prendre quelque foulagement à caufe
de fesinfirmitez, il alleguoit l’exemple des martyrs
qui avoient tant fouffert pour J. C . 8c en effet il avoit
vû les perfecutions. Saint Pacome s’étant avancé
affez loin dans un canton nommé Tabenne, comme
il étoit en priere, il entendit une voix qui lui
dit: demeure i c i , Pacome, 8c y fais un monaftere,
car plufieurs viendront te trouver pour leur falut;
8c tu les conduiras fuivant la réglé que je te donnera
i,'A u ffi-tô t un ange lui aparut, 8c lui donna
unetableoù éroit écritececteréglé, q u iy futobfer-
véedepuis. Il raconta cette révélation à faint Palemon
, le priant de pailer à ce lieu, ils bâtirent une
petite cellule, 8c s’y établirent. Saint Palemon mourut
quelque tems après dans une heureufe vieillefle.
EniuiteJeanfreredeS. Pacome 8c fon aîné, vint le
chercher 8c demeura avec lui, pratiquant les mêmes
exercices. Ils donnoient aux pauvres ce qui leur
reftoit de leur travail, fans rien referver pour le lendemain.
Ils ne changeoient d’habits que par la ne