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febe de Nicomedie feignit un grand defir de voir
Jerufalem, 8c en particulierl’églife magnifique que
1 empereur y faifoit bâtir, il te flata fi bien par ce
pretexte, qu’il partit de Nicomedie avec grand honneur
; 1 empereur fournifTant tes voitures 8c tous les,
frais du voyage. Theognis de Nicce fon confident
partit avec lui. Arrivez à Antioche, ils fe couvrirent
du mafque de l’amitié, 8c reçurent de S. Euftathe
toutes fortes de bons traitemens, & toutes les.
marques de la charité fraternelle. Quand ils furent
arrivez aux faints lieux, ils virent ceux qui croient
dans leurs fentimens; Eufebe de Cefarée , Patro-
phile de Scythopolis, Aëtius de Lydde, Theodote
de Laodicée 8c les autres Ariens r Ils leur découvrirent
leur deifein, 6c revinrent avec eux à Antioche;
car tous ceux-ci les accompagnèrent au retour fous
pretexte de leur faire honneur.
Tous ces évêques fe trouvant enfemble à Antioche
tinrent un concile| ou Euftathe aflifta 8c plu-
fieurs évêques catholiques, qui ne favoient rien du
complot. Quand on eut fait fortir tout le monde,
les Ariens firent entrer une femme débauchée qu’ils
avoient apoftée; 8c qui montrant un enfant à la
mamelle, qu’elle nourrifloit, dit qu’elle l’avoir eu de
leveque Euftathe, criant avec impudence. Euftathe
demanda qu’elle produisît quelque témoin ;
elle dit qu’elle n’en avoit point: mais les juges lui
défererent le ferment. Elle ju ra , & dit encore à
hauts voix , que l’enfant étoit à Euftathe ; & com-
mes’il eut été convaincu,il fut condamné à la pluralité
des voix.. Les évêques qui n’étoieiit point du
L i v r e o n z i e ’ me . îoj
complot, reclamoient ouvertement contre la fen-
tence,. 8c défendoient à Euftathe d’y acquiefcer. Ils
reprefentoient qu’elle étoit contre toutes les réglés;
puifque la loi de Dieu dit expreffement, que pour
la preuve il faut deux ou trois témoins ; 8c S. Paul
défend de recevoir autrement une accufation contre
un prêtre. Toutefois Euftathe demeura condamné
ôedépofé; feulement, on ne publia pas la eaufe. On **«*•«•*• ‘A
dit lourdement qu’il avoit été chargé d'un crime
honteux, à quoi l’on joignit le reproche général de
Sabellianiûne.
A la place de fàint Euftathe on voulut mettre
Eufebe de Cefarée, 8c le transférer à Antioche. S a
réputation étoit grande, 8t l’empereur même l’efti-
moit. L e concile donc en écrivit à l’empereur, t é - ^ ^ J 11'
moignant qu’ilsdefiroient cette tranflation, & que
le peuple y confentoit. Mais en effet il n’y en avoit
qu’une partie ; l’autre tenoit femie pour Euftathe, lèU n ÿ
& vouloir le. conferver. Cette divifion- du peuple
vint jufqtr’a la fedicion, 8c penfa renverfer la ville-
d Antioche : car tout le monde prit parti, même
les magiftrats 8c les ioldats; 8c ils en feroient venus-
aux mains, fi l’empereur n’y eût mis ordre. Eufebe
8c Theognis retournèrent promptement auprès de-
lu i , laiifant les autres évêques aftemblez à Antioche.
Us perfuaderent à l’empereur qu’Euftathe-
etoit coupable, non feulement du crime dont om
laccufoit; mais d’avoir autrefois fait injure à fainte
Helene fa mere, 8c d’agir tyranniquement : car ils»
faifoient^omber fur lui la haine de la» fediticm..
L empereur envoya à Antioche , pour adoucir les-,
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