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le plus jeune des prifonniers, qui n’attendit pas les
coups de foiiet : mais il découvrit tout le complot ,
8c déclara qu’Onagre en étoit l’auteur. On fit venir
Onagre ; & il dit qu’il l’avoit fait par l’ordre d’Ef-
tienne. On fit auffi venir la maîtreffe de la femmë :
car ces miferables étoient d’ordinaire efclaves. Elle
reconnut 8c convainquit ceux qui s’étoient adref-
fez à elle ; & on trouva que c’étoient des clercs d’Ef-
tienne, qui le chargèrent auffi. Etant ainfi convaincu,
on le mit entre les mains des évêques qui étoient
Athan. ni salit, prcfens, pour le dépofer ; ce qu’ils firent, & le chaf-
¿.8u.c. ferent de l’églife. L’empereur Conftantius frappé de
cet événement, commença un peu à rentrer en lui-
même. Ce que les Ariens avoient fait à Euphratas
lui fit juger de leurs autres entreprifes. Deflors
il ordonna le rappel des prêtres 8c des diacres d’A lexandrie
, qui étoient exilez en Arménie ; 8c il écrivit
expreffément à Alexandrie, de ne plus perfe-
cuter les clercs ni les laïques qui étoient pour faint
Athanafe,
xlvi. j Mais les Ariens eurent encore le crédit de faire
d,Ant°ioche.,eqUe élire évêque d’Antioche l’eunuque Leonce , un des
TW.n.c.io. appuis de leur parti. Il étoit Phrygien de naiflance
Tbtioprg. ni. t. ^ Î ’iin* efprit caché : il prétendoit avoir été difci-
-Ef,fb.htr. n.«■>. p[e martyrS. Lucien, 8c avoit fuivi les erreurs
d’Arius dès le commencement; Saint Euftathe évê^
que d’Antioche qui le connoiiToit, lui refufa toujours
l’entrée dans fon clergé : mais après l’exil de
Atb *n. ad s dit. s, Euftathe, il fut élevé à la prêtrife. Depuis il fut
S l l i C> « / / '/ , | 1 / ■ depole en vertu du premier canon de Nicee , pour
s etre lui-même rendu eunuque. Car comme il vi-
L i v r e d o u z i e ’me . 389
v o i t avec une jeune femme nommée Euftolie, qu’il A>b. *poi. p.
faifoit paifer pour vierge , quoiqu’il l’eut corrompue
: fe trouvant preflé de rompre ce commerce
fcandaleux, il fe fit lui-même de fa main cette opération,
pour avoir .prétexte d’habiter librement avec iw . u.c.i4:
• C >•! • • _ r ' cette femme , qu il ne -pouvoit quitter. Ce cri—m -e , AthgIa7n..B a. d Soliti
qui l’avoit fait dépofer de la prêtrife & le rendoit
irrégulier , n’empêcha pas les Ariens de le faire évêque
d’Antioche. Il tint ce fiége pendant huit ans :
ufant d’une profonde diffimulation , pour cacher
fon herefie, 8c ne pas éloigner de lui les catholiques,
dont il craignoit la multitude ; & encore plus les
menaces de l’empereur Conftantius, contre ceu?ç qui
diroient que le Fils n’étoit pas femblable au Pere.
Mais fa conduite le découvroit : car il n’ordonqoit
aucun catholique;, & ne donnoit à aucun de l’emploi
dans fon églife , quelque vertueux qu’il fût : il
donnoit toute fa confiance aux Ariens 8c les élevoit
aux ordres facrez, quoiqu’ils vécuifent dans la débauche.
Ainfi le clergé étoit beaucoup plus infeèté
d’herefie que le peuple. Il éleva au diaconat Aëtius
qui devint plus celebre dans la fuite : mais deux il-
luftres laïques, Flavien 8c Diodore, s’y oppoferent,
8c menacèrent Leonce de fe feparer de fa communion,
d’aller en Occident & de faire connoître fa
conduite. Leonce en eut peur , & interdit le mini-
ftere à Aëtius, continuant de le favorifer en tout le
refte.
Flavien 8c Diodore qui foutinrent alors à Antioche
la do&rine, avoient tous deux embrailé la
vie afeetique. Diodore étoit fi pauvre , qu’il ne pof-
C c c iij