
390 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ÎT 'f c fâ } ? ' fe^oic rien íur Ia terre’ ni maiíon¡ ni table, ni lit :
(es amis le nourriiToient, Si il donnoit tout fon temps
a la priere Si a l’inftrudion. La pâleur de fon
vifage Si le refte de fon extérieur témoignoit fa
mortification extreme : qui lui caufa une foibleiTe
d’eftomac, avec de. grandes douleurs : mais il ne
ibid, ex Julián» laiffa pas de vivre très-long temps. Il avoit étudié à
Athènes la philofophie & la rethorique ; & avoit été
difciple de Silvain deTarfe,,dont lui-même fu ten -
fuite eveque. Flavien fut évêque d’Antioche , mais
long-temps après. L ’un Si l’autre s’appliquoient
jour Si nuit du temps de Leonce à exciter dans les
fideles le zele de la religion. Ils les alfembloient
aux tombeaux des martyrs ; & y paifoient les nuits
avçc eux a louer Dieu. Leonce n’ofoit les en empêcher
, a caufe de la multitude qui les fui voit d’une
grande affedion : mais avec une douceur apparente
, il les pria de faire ce fervice dans l’églife.
Quoiqu'ils connuflent bien fa malice, ils ne laif-
ferent pas de lui obéir. Ils furent les premiers qui
inftituerent la pfalmodie à deux choeurs , chantant
alternativement & cet ufage aïant commen-
Tihft.m.c.ir. cé à Antioche, s’étendit par toute la terre. On dit
que Flavien fut le premier, qui aïant affemblé plu-
fîeurs moines, chanta : Gloire au Pere, & au Fils, &
au S. Efprit. Auparavant, à ce que prétendoient les
, Ariens, on difoit : Gloire au Pere par le Fils dans
le S. Efprit $ Si quelques-uns : Gloire au Pere dans
•xhtod. ii.î.14; le Fils & le S. Efprit. Les catholiques & les Ariens
priantenfemble le difoient chacun à leur maniere :
mais ceux qui etoient auprès de Leonce, obierve*
rent qu’il paifoit fous filence tout le refte du verfet,
& difoit feulement à la fin ; Et dans les fiécles des
fiécles. Il y avoit toujours à Antioche un autre
parti de catholiques qui né communiquaient point
avec les1 Ariens, Si ne reconnoiifoient point d’évê-
que depuis S. Euftathe : aufli les nommoit-on Eufta-
thiens.
Aetius que Leonce avoit fait diacre é.toit Syrien x l v i i .
natif d’Antioche. Son pere avoit fervi entre les offi- A°cdus'ncciI1'nS
ciers du gouverneur ; mais s’étant mal conduit , il mufl.ub. m.
perdit la vie Si fan bien fut confifqué. Aetius aïant p i
été quelque temps efclave d’une femme Si recouvré ?■
fa liberté, on ne fçait comment : s’appliqua au métier
de chaudronnier, Si gagnoit fa vie avec peine
à racommoder la vaiffelle de cuivre. Une femme lui
aïant donné un colier ou un braifelet d’or à red.rel-
f e r , il lui en rendit un de cuivre doré tout fembla-
ble : mais la dorure s’étant effacée Se la fraude découverte,
il fut pourfuivi en juftice Se puni comme
larron : ce qui lui fit faire ferment de renoncer à fon
métier. I l fe mit donc à la fuite d’un charlatan nommé
Sopole, qui couroit le païs fous le nom de médecin
: puis aïant trouvé un Arménien affez fimple
pour le croire fort habile , il en tira beaucoup d’argent,
Si commença â exercer la medecine de fon
chef, Si à fe mêler dans les affemblées des médecins,
où il difputoit 8i crioit vigoureufement ; ce qui lui
attira l’affedion de ceux qu’il appuïoit de fa voix Si
de fa hardieffe.
Se trouvant un peu au large il quitta encore la
medecine, 8i s’appliqua à la philofophie : car parmi