
i g 2 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . ^
état, Dieu lui infpira de chercher ayec foin s’il y
avoit de sChrétiens entre les Romains qui venoient y
trafiquer ; de leur donner un grand pouvoir , &
les exhorter à faire en chaque lieu des maiions d afi-
femblée pour y prier en commun , à la maniéré des
Romains. Luimêmé en donnoit l’exemple, & les at-
tiroit à l’imiter par ià faveur 8c par fes bienfaits. Il
fourniiïoit les places pour bâtir , & les autres choies
neceflâires ; s’emprelïànt à planter 8c faire fructifier
le Chriftianifme. Le jeune roi étant venu en
âge de gouverner, Edefius & Frumentius lui rendirent
un compte fidele de leur adminiftration , 8c
revinrent en leur pais, malgré les prières de la reine
& du jeune r o i , 8c les efforts que l’on fit pour
les retenir. Edeiius le preflà d’aller à T y r pour revoir
iès parens ; mais Frumentius prit le chemin
d’Alexandrie , difant qu’il n’étoit pas raifonnable
de cacher l’oeuvre de Dieu. IL raconte à S. Athana-
fe, qui en étoit évêque, tout "ce qui s’étoit paffé, &
l’exhorte â choifir quelqu’un qui fut digne d’être envoie
pour évêque à ce grand nombre de Chrétiens
déjà affemblez , & à ces églifès bâties dans les terres
des barbares. Saint Athanafe confiderant attentivement
les diieours & les a étions de Frumentius dans
une aflèmblée d’évêques, dit comme Pharaon à Jo-
i. 3». feph : Et quel autre pourrons-nous trouver qui ait
l’efprit de Dieu comme vous, 8c qui puiffe executer
de fi grandes choies ? Puis l’ayant ordonné évêque
, il lui commanda de retourner avec la grâce
inf.uv.iin. £)ieu au ]-eu j| venoit. Ç’étoit Auxume en
Ethiopie où Frumentius fit des miracles comme les
les
L i v r e o n z i e ’ m e . is>j
les apôtres,& convertit une infinité de-barbares.Ru-
fin qui rapporte cette hiftoire l'avoit apprife de la
bouche d Edefius, qui fut depuis ordonné prêtre à
T y r ia patrie. Toute l’égliie honore la mémoire de
faint Frumentius : les Latins le vingt-feptiéme d’Oc-
tobre ; les Grecs le trentième Novembre 5 & les Abif-
fins le reconnoiilent encore pour leur apôtre.
La converfion des Iberiens, peuples voifins du
-Pont'Euxin, ne fut pas moins merveilleufe. Une
■femme Chrétienne étant captive-chez eux, attira
leur admiration par la pureté de fa vie , fa iobrieté,
fa fidélité, fon aifiduité à l’oraifon qui lui fai foi t veii-
lerles nuits entières. Les barbares étonnez lui de-
mandoient ee que cela vouloit.dire. Elle déclara fim-
plementquelle férvoit ainfi le Chrift fon Dieu. Ce
nom leur étoit auffi nouveau que le refte ; mais fa
perfeverance excitoit là curiofiténaturelle des femmes
, pour favoir fi- ee'grand zélé de religioti étoit
de quelque utilité. C ’étoit ledr coutume quand
quelque enfant étoit malade , que la mere’le portoit
par lesmaifons, pour s’informer fi quelqü’un fâvoit
un-remede. Une femme ayant ainfi porté fon enfant
par tout inutilement,-'vintâuifi trou ver la captive.
Elle lui dit qu’elle ne favoit aucun remede humain
; mais que fon DiëuVjefus-Chriff quelle adoro
it , pouvoir donner la fanté aux malades les plus
defefperez. Ayant donc mis l’éfifant fut le cilice qiii
lui fervoit de couche, & ayant fait fur liri fa priere }
e leleTendit guéri à fa rherc. Le bruit dë-ee miracle
fë répand, & vientauxoreilles de là reine, qui
ctoit malade âvec de grandes- douleurs, & réduite
l l l . g b
HolJlen,not ad
Martyr» Rom•
t-
XXXIX.
Converfion
des Iberiens.
Ruf, i .c , 10 .