
A n . 3 4 3 .
C. I I .
X X IX .
Autres martyrs.
S Sadoth, Sainte
T arbule.
341 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
reaux commencèrent à couper des têtes. Cependant
Simeón debout au milieu d’eux les exhortoit à la
confiance , leur parlant de la mort & de la refurrec-
tion ; leur prouvant par l’écriture qu’une telle mort
eft la véritable vie , que la vraie mort eft d’abandonner
Dieu par lâcheté ; & que de toutes les bonnes
oeuvres la plus excellente eft de mourir pour Dieu.
Après que les cent martyrs eurent été exécutez, Simeón
le fut auffi avec Abdechalas & Ananias , tous
deux vieillards & prêtres de fon églife, qui avoient
été pris avec lu i , & l’avoient accompagné dans la
prifon.
Poufiqués intendant des ouvriers du roi étoit pre-
fent i & voïant Ananias qui trembloit comme on le
préparoit au fupplice : Mon pere, lui d it - il, fermez
un peu les yeux & prenez courage, vous allez voir
la lumière de J . C . A peine eut-il ainiï parlé, qu’il
fut pris & mené au roi r & comme il confeiTa qu’il
étoit Chrétien , & parla librement en faveur de la
religion &c des martyrs : le roi s’en tint offenie, & le
fit mourir d’un nouveau genre de fupplice. Les bourreaux
lui percerent la gorge auprès des tendons, &
par-là lui arrachèrent la langue. Sa fille vierge confa-
crée à Dieu fut dénoncée en même temps, & exécutée
à mort.
L ’année fuivantelemême jour du vendredi-faint,
on publia par toute la Perfe un édit de Sapor : qui
condamnoit à mort,, non feulement les ecclefiafti-
ques, mais tous ceux qui fe confeiTeroient Chrétiens.
On dit qu’il y en eut alors une multitude innombrable
, qui paiferent par le tranchant de l’épée.
L i v r e d o u z i e ’m e . 343
Car les mages cherchoient avec foin par les villes &
par les villages ceux qui s’étoient cachez, pendant
que d’autres fe decouvroient eux-mêmes ; pour ne
pas paroître renoncer Jefus-Chrift par leur filence.
Comme on faifoit mourir tous les Chrétiens fans
mifericorde, il y en eut plufieurs d’executez, même
dans le palais : jufques à l’eunuque Azade très-cheri
du r o i , & dont il fut extrêmement affligé quand
il apprit fa mort. Il défendit alors de tuer indifféremment
tous les Chrétiens , & fe reduifit aux ec-
clefiaftiques.
Le fucceifeur de S. Simeon dans l’évêché de Seleu-
cie & de Ctefiphonte fut S. Sadoth,ou Sadoft, c’eft-
à-dire, ami du roi.-en effet, il étoit rempli de l’amour
du roi celefte. Il aifembla fes prêtres & fes diacres,
qui fe tenoient cachez par la crainte de la perfecu-
tio n , & leur raconta en ces termes un fonge , qu’il
avoit eu : J ’ai vu cette nuit une échelle lumineufe qui
touchoit au ciel ; au haut étoit le faint évêque Simeon,
dans une gloire immenfe, & moi j ’étois en bas fur la
terre. Il m’a dit avec une grande joïe : Montez , Sa-
doth, montez , ne craignez point : Je montai hier ,
vous monterez aujourd’hui. J ’ai crû deflors être ap-
pellé à la confefïîon de J . C . & j’ai compris, que je
fouffrirai le martyre cette année , comme il le fouf-
frit 1’ année derniere. Enfuite il commençaàexhorter
fon clergé au mépris de la mort, & au defir delà
gloire éternelle.
Le roi Sapor vint cette année à Seleucie ; on
lui défera Sadoth , & il le fit amener avec fon
clergé & d’iautres ecclefiaftiques du païs v o ifin ,
A n . 344.
A£ia fine. p. 64 1 ,