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Pcrfecution de
Perfe.
S. Simeon & S.
Ufthazade.
Sozon. II. c. 8p.
Ac la fincer* p.
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338 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
par tout, fans qu’il foit permis à perfonne d’en approcher
; & défend les facrifices fous peine de la vie
& de confifcation des biens : menaçant les gouverneurs
des provinces de la même peine, s’ils négligent
de punir ces crimes.
Cependant Sapor roi de Perfe perfeentoit cruellement
les Chrétiens, qui étoient en grand nombre
dans fon roïaume. On croit que la foi y étoit entrée
pa rle commerce de l’Ofroene & de l’Arme-
nie avec la Perfe ; 8c elle s’y étoit tellement accrue
par le temps, qu’il y avoit des églifes nombreufes.
Les mages en furent feniiblement affligez : car c’é-
toit eux qui gouvernoient la religion des Perles
dès l’origine de la nation , étant comme une race
facrée , où le facerdoce fe confervoic par fucceffion.
Les Juifs naturellement ennemis des Chrétiens,
étoient auffi jaloux de leurs progrès. Simeon fur-
nommé le Foulon, autrement Jombaphée, étoit
archevêque de Seleucie 8c de Ctefiphonte , les deux
villes roïales de Perfe , éloignées feulement l’une de
l’autre d’environ trente, milles, ou dix lieues : Seleucie
étoit auffi nommée Salec. Simeon fut accu-
fé auprès du roi Sapor d’être ami de l’empereur
Romain, & de lui découvrir les affaires des Perfes.
Sapor perfuadé de cette calomnie , commença par
accabler les Chrétiens d’impofitions exceffives,
pour les réduire à une pauvreté infupportable : car il
lçavoit que la plupart s’exerçoient au mépris des ri-
cheifes ; & il commit l’exadtiom de ces tributs à des
hommes impitoïables. | Enfuite il ordonna de faire
mourir par le glaive les prêtres & les miniftres de
Dieu : d’abattre les églifes, de confifquer leurs
trefors ; 8c de lui amener Simeon, comme traître à
la religion & à l’état. Cette perfecution commença
la feptiéme année de Çonftantius 343. de J . C . Les
mages avec le fecoursdcs Juifs eurent bien-tôt abattu
les églifes.
Simeon fut pris 8c mené au roi chargé de fers.
Il ne fe profterna point devant lui , comme il avoit
accoûtumé : de quoi Sapor extrêmement irrité lui
en aïant demandé la caufe : Simeon répondit : Les
autres fois on ne m’amenoit pas enchaîné pour trahir
le vrai Dieu ; c’eft pourquoi je fuivois fans ré-
ilftance la coutume d’honorer la roïauté : maintenant
il ne m’eft plus permis de le faire , puifque
je viens combattre pourla religion. Après qu’il eut
ainfi parlé, le roi lui commanda d’adorer le foleil r
lui promettant de grandes récompenfes, s’il obéïf-
fo it , finon le menaçant de le faire périr, 8c tous les
Chrétiens avec lui. Comme il demeura ferme , le
roi commanda qu’on le tînt quelque temps en pri-
fon : efperant apparemment qu’il changeroit de fen-
timent. Un vieil eunuque nommé Ufthazade , qui
avoit élevé le roi Sapor en fon enfance , 8c étoit le
premier de fa maifon , fe trouva aflis à la porte du
palais, comme on menoit Simeon enprifon. Il fe leva
8c fe profterna devant lui. Simeon lui fit des reproches
vehemens d’un ton de colere , & paifa en
détournant le vifige ; parce qu’Uftliazade, qui étoit
Chrétien, s’étoit laide contraindre depuis peu à adorer
le foleil. Auffi-tôt l’eunuque pleurant avec de
grands cris, quitta l’habit blanc qu’il portoic, en
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H ie r. Chron.