
536 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
nous ont enfeigné : ce que les martyrs ont confeffé
dans leurs fouffrances. Nous fommes il fortement attachez
à cette f o i , que il un ange du ciel nous avan-
çoit le contraire , nous lui dirions » » . anath■ ê■m■e.■ JHe n ’'ignore
pas qu’après a vo ir examine toutes ces veritez
& les a vo ir expofées à la lumière de l’intelligence
pu b lique : on nous oppofe , comme une puiffante
m a ch in e , le nom d’Oixus le plus ancien de-tous les
é v ê q u e s , & dont la fo i a toujours été il fûre. Mais
je répons en peu de m o t s , que l’on ne peut eitiploier
l ’autorité d’un homme qui fe trompe à p r e fe n t , ou
qu i s’eit toûjours trompé. T o u t le monde fçait quels
on t été fes fentimens jufques à ce grand âge ; avec
quelle fermeté il a reçu la doblrine catholique à Sar-
dique & â N ic é e ,& condamné les A rien s . S’il a maintenant
d’autres fentimens : s’il foûtient ce qu’il a condamné
a u p a ra v an t, & condamne ce qu’il a foûten u:
je le dis en co re , fon autorité n ’eft pas jrecevable. C a r
s’il a mal crû pendant près de q u a t r e -v in g t dix a n s ,
je ne croirai pas qu’il croie bien après q u a t r e -v in g t
d ix ans. E t s’il croit bien m a in ten an t , que d o it - on
juge r de c eu x'q u ’il a baptifez dans la fo i qu’il tenoit
alors j & qui font fortis du monde ? que d iro it-o n
de lui-même , s’il fu t mort avant ce conc ile ? D on c ,
comme j’ai d it , le préjugé de fon autorité n’a aucune
fo rce , parce qu’elle fe détruit e lle -m êm e . A u iïi li-
. fons-nous que la juftice du jufte ne le fauvera p o in t,
s’il tombe une fo is dans l’erreur. A in iî finit le traité
de S- Phebade d’ Agen ; écrit par confequent après la
çhûte d’Ofius & avant fa mort.
L I V R E
L I V R E Q V A T O R Z I E ' M E .
S A i n t Bafile & faint Grégoire de N a z ian z e ne
demeurèrent pas lo n g - tem p s à Athènes après
le ccfar Ju lien : leurs études étant f in ie s , ils re fo lu-
rent de retourner à leur païs ; mais S. Bafile quitta
le premier. E tan t revenu à C efarée de Cappadoce ,
il plaida d ’abord quelques caufes -, car c’étoit par où
commençoiént ceux qui a fpiroient aux ch a rg e s , &
ce qu i rendoit fi célébré l ’étude de l ’éloquence. Mais
la phiiofophie a voit déjà mis Bafile au -d e flu s de
l ’ambition ; & il méprifoit les d ig n ite z , non par hum
ilité , mais par la bonne opinion qu’il avoit de lui-
même & de fes grandes connoiffances. Sa ioeur M a -
crine lui fit bien-tôt goûter une autre phiiofophie :
en forte que méprifant toute la gloire humaine &
l ’eftime qu’il pou vo it acquérir par fes d ife o u r s , il fe
reduifit à la pauvreté parfaite , & à tra v ailler de fes
m a in s , pour n ’a vo ir plus aucun obûa cle dans la p ra tiq
u e de la vertu.
Sainte Macrine étoit l ’aînée des dix enfans de B a ille
& d’Emmelie ; & fa mere l’a vo it élevée avec
un foin particulier. Quoiqu’elle lu i eût donnée une
n o u rric e , elle la tenoit le plus fouv en t entre fes bras-,
& comme le naturel de cet enfant fe trou v a me rveilleu
x , fo it pour l ’ouverture d’e fp rit, foit pour la docilité
: fa mere ne fouffrit point que l ’on fuiv ît la méthode
ordinaire , qui étoit de commencer l ’inftruc-
tion des enfans par les poètes : c’e ft -à -d ir e par des
T o m e I I I . Y y y
1.
Retraite de faint
Balile.
Greg. Elyjf. v iK
S. Muer. 18 LD.
lb id .p . 172.