
j S H i s toir e E c c l e s i a s t iq u e .’
cônful dit : Comment donc y es - tu venu ? Ingen-
x4- tius dit ; On traitoit l’affaire de Maur évêque d’U-
tique qui avoit acheté l’épifcopat. Félix évêque
d’Aptonge vint à la ville, éc dit : Que peribnne ne
communique avec lu i, parce qu’il a fait une faufïè-
te. Je lui dis : Ni avec lui ni avec to i, qui es un tra-
diteur. Car j’étois fâché de l’affaire de Maur, qui
étoit mon hôte , & avec qui j’avois communiqué
en pais étrangerquand je fuyois la periècution.
Depuis je menai avec moi trois anciens dans le pais
de Félix , afin qu’ils vident s’il étoit Véritablement
traditeur ou non. Apronien dit : ce n’eft pas ainfi
qu’il eft venu vers Cecilien pour s’informer de lui.
Le proconful dit à Cecilien : comment Ingentius
eft-il venu vers vous ? Cecilien répondit : Il vint
chez moi. je dinois avec mes ouvriers. Il s’arrêta à
la porte, en diiànt : Où eft Cecilien ? Je répondis :
Il eft ici. Qu’y a-t’il ? tout va-t’il bien ? Oüi, dit-il.
Je lui dis: Voulez-vous dîner avec nous. Il me dit :
Je Vais revenir. Il revient ièul 8c commence à me dire
: Je fuis chargé de m’informer fi on a brûlé des
écritures l’année de vôtre duumvirat. Je lui dis : tu
m’incommodes, tu es un efpion, retire-toi. Il revint
avec mon collègue, avec qui j’ai été édile , c’étoit
Augenrius, qui me dit: Félix nôtre évêque a envoyé
cet homme , afin que vous lui écriviez. C’eft
qu’il a reçû des livres de prix qu’il voudroit ne pas
rendre. Ecrivez-lui qu’ils ont été brûlez l’année de
vôtre duumvirat : Je lui dis. Eft-ce là la bonne foi des
Chrétiens.
Ingentius fè fentant alors prefïe, dit au proconfui
; Seigneur qu’Augentius vienne aufïï. J ’ai mon
honneur à garder, & nous avons fes lettres. Le proconiul
dit à Ingentius : Tu es convaincu d’ailleurs.
Puis il dit à fes officiers qu’on l’attache, & enfhite :
Qu’on le fufpende. C’étoit pour lui donner la quef-
tion. Puis il dit à Cecilien : Comment Ingentius
eft-il venu vers vous ? Cecilien répondit : lime dit:
Nôtre évêque Félix m’a envoïé ic i , afin que vous
lui écriviez. Il y a , dit-il ; un certain miferable ,
qui a chez moi des livres très précieux, & que je ne
veux pas rendre. Ecrivez-moi qu’ils ont été brûlez ,
afin que je les garde. Je dis alors : Eft-ce là la bonne
foi d’pn Chrétien ; & je commençai à le reprendre.
Mon çollegue me dit récrivez à nôtre évêque Félix.
Je diétai donc la lettre, &: il paroît jufques où
je l’ai dictée. Il fernble que Cecilien ne fàvoit pas
écrire.
Le proconful dit : Ecoutez fans crainte la leéture
de vôtre lettre. Agefilas la lû t , comme elle eft ci-
deflus inferée dans l’aéte de Speretius duumvir de
Carthage. Quand il eut lû ces mots : Je ibuhaife,
mon cher pere , que vous fo'iez en bonne iànté 5 le
proconful dit à Cecilien : Vous avez dicté jufques-
là ? Oüi, répondit-il, le refte eft faux. Agefilas continua
de lire le refte , comme il eft ci-deflus : & Ce-
cilién dit encore : Cela èftfaux, ma lettre ne va qüe
jufques à ces mots : Je iouhaite mon cher pere, que
vous foiez en bonne fànté. Le proconful dit : Qui
cro'iez-vous qui a ajouté à vôtre lettre ? Cecilien dit :
C ’eft Ingentius. Le proconful dit : Vôtre déclaration
eft dans les aétes.
An, 314.
X I I I .
Ingentius convaincu
de faux#
1