
4 8c 7 4 H i s t o i r e E c c -l e s i a s t i q u e .
accompagné d’Hilaire. Ils étoient fuivis de plus
de cinq mille hommes des légions, le calque en tête,
l’épée nuë à la main , avec des arcs, des mafluës 8c
d’autres armes. Ces troupes invertirent l’églife,
afin que perfonne ne pût échaper. Mais faint Athanafe
ne crut pas devoir abandonner fon peuple en ce
péril : il demeura aflïs dans fa chaire , & fit lire par
un diacre un des pfeaumes, qui porte, que la mife-
ricorde de Dieu eft éternelle : exhortant le peuple
à fe retirer Cependant chacun chez foi. Durant.cette
leéture, les foldats rompirent les portes, entrèrent,
8c commencèrent à crier & à faire,fonner
leurs armes 8c briller leurs épées, à la lueur de^ lampes.
Syrien commanda de tirer, & il y eut des hommes
tuez à coups de fléchés : d’autres foulez aux
pieds, tombant en confufion par l’effort que les
foldats faifoient pour entrer. Quelques vierges y
moururent : d’autres furent dépoüillées toutes nuës;
ce qui leur étoit plus terrible que la mort. Des foldats
environnoient le fanétuaire pour prendre faint
Athanafe, qui demeuroit toûjours aflis dans fa chaire,
ne voulant fortir que le dernier : quoique ceux
qui étoient les plus proches de lu i, tant du cierge
que du peuple, lui criaffent de fe rétirer. Enfin il
fe leva & ordonna de faire une priere , les conjurant
encore de s’en aller tous, & difant qu’il valoit thieux
qu’il fut expofé au péril. La plûpàrt étoient fortis&
les autres fuivoient, quand les moines & les clercs
qui reftoient Tentràîneférit en s’en allant. I l fut
tellement pouffé dans la foule , qu’i.l penfa être mis
en pièces. I l tomba dans une grahdefoibléffe, &
on l ’e n le v a pour mort : en forte qu’il fut fauvé corn-.--------------
me par miracle, au travers des foldats qui entou-
roient le fanétuaire, & des autres qui environnoient
l’églife. Enfuite on fe mit à piller : on rompoit les
portes j 8c tous entroient indifféremment dans des
lieux dont l’entrée n’étoit pas même permife à tous
les Chrétiens. Gorgonius capitaine de la ville aifif-
toit à ce defordre.
On fit enlever par des foldats les corps morts pour
les cacher; mais les vierges qui avoient été tuées,
furent mifes dans des fepulchres 8c confiderées comme
martyres. On honore encore la mémoire de tous Mmboi.
ceux qui moururent en cette occafion. Les fideles ii'3‘,nv-
pendirent dans l’églife les fléchés, les épées 8c les
autres armes qu’ils y trouvèrent, pour ièrvir de preuve
inconteftable de cette violence : qu’ils attefterent
les obliger à la révoquer, 8c à déclarer qu’il n’y
encore par une proteftarion folemnelle. Syrien voulut
avoir point eu de tumulte ni perfonne de tué1; il fit
même donner des coups de bâtons à ceux qui l’alle-
rent prier de ne forcer perfonne à nier la vérité. Il
envoïa plufieurs fois le bourreau de fa cohorte 8c le
capitaine de la ville , pour ôter les armes qui étoient
fufpenduës dans l’églife : mais les catholiques l’empê-
cherent & firent une fécondé proteftation qui commence
ainfi :
Le peuple de 1 eglife catholique d’Alexandrie, qui xxix,
eft fous le reverendiflime évêque Athanafe. Nous * f \ ' ; /V/ « ^ r* " ~ peufpl1re? "a:î Aa ,tteî0x1a1 nd-B
avons déjà protelte touchant l’invafion noéturne dric'
faite dans notre églife : quoiqu’il ne fût pas be- ««■
foin de proteftation, pour unechofe notoire à toute
O o o ij