
1 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t iq u e .
mens de Ton ame, comme fi nous devions nous en
rendre compte les uns aux autres. Affurez-vous que
la honte d’être connus nous fera ceiîer de pecher,
& d’avoir aucune mauvaife peniée : notre écriture
nous tiendra lieu des yeux de nosfreres. Il compa-
tifloit aux affligez, & prioit avec eux; mais comme
il ne tiroit point de gloire d’être fouvent exaucé,
auffi ne murmuroit-il point quândil ne l’ctoit.pas.
Il rendoit toujours grâces à Dieu, Si exhortoit les
malades a prendre patience, 8t à reconnaître que la
guerifon ne dependoit ni de lui ni d’aucun homme,
mais de Dieu feul qui la donne quand & comme il
lui plaît. Un officier du palais nommé Fronton., ne
pût être guéri en fa préfence , mais en arrivant en
Egypte, comme il lui avoir prédit; ôcunefillede
Bufiris fut guerie, fans qu’il iouffrît même qu’on l’amenât
devant lui. Elle demeura hors de la montagne
chez le confefïeur Paphnuce , où fes parens
l’avoient conduite. Saint Antoine étant un jour
affis fur la montagne appella deux moines qui s’y
rencontrèrent , & leur dit : Prenez une cruche
d’eau Ôt courez furie chemin de l’Egypte; de deux
freres qui venoient, l’un vient de mourir, l’autre va
expirer, fi vous ne vous preifez, car je l’ai connu
dans l’oraifon. Les moines trouvèrent l’un m ort,
qu’ils enterrerent, l’autre couché parterre prêt à
rendre l’ame. Ils le firent revenir 8c l’amenerent au
faint vieillard ; c’étoit à une journée de chemin. Il
eut plufiéurs autres révélations de chofes éloignées
8c cachées, particulièrement de l’état de l’ame après
cette vie. .
L i v r e d i x i e ' m e . * 19
C ’étoit malgré lui qu’il les racontoit : mais les
difciples le voyant long-tems enpriere, puis étonné
en lu fm êm e , lui demandoient 8c lepreffoient
tellement, qu’il étoit forcé de parler : comme un
perc qui ne pouvoir rien cacher à fes enfans, 8c qui
croyoit que ces connoiiTances leur feroient utiles ,
pour connoître le fruit de leurs exercices II étoit tres-
patient 8c très humble. Car avec toute fa réputation
il ne laifloit pas d’honorer extraordinairement
l’ordre ecclefiaftique, 8c de ceder à tous les clercs.
Il s’inclinoit devant les évêques 8c les prêtres; 8c
fi quelque diacre levenoit trouver pour profiter de
fes inftruêfcions, il lui difoit ce qui lui étoit utile,
mais il lui cedoit l’honneur de la priere. Loin d'avoir
honte d’apprendre, il écoutoit tout le monde, 8c
fi quelqu’un difoit quelquechofe d’u tile,ilavoüoit
qu’il en avoit profité. Son vifage avoir une grâce
extraordinaire; enforteque fans l’avoir jamais v û ,
on n avoir point de peineàlereconnoîtreentreplu-
fieurs autres moines. Il attiroit les regards, non
qu’il fut d’une taille avantageufe, mais parce que
la pureté 8c la tranquilité de fon ame paroiiloit
toûjoursfur fon vifage, par une fainte jo y e , fans
aucun trouble de paillon. Trois moines avoient ac-
coûtumé de l’aller voir une fois fan : deux lui propo-
fôient des queftions, le troifiéme ne difoit jamais
mot.S. Antoinelui en demanda la raifon, craignant
que cé ne fut par crainte. Il répondit : Mon pere,
il me fuffic de vous voir.
Dans une autre partie de l’Egypte vivoit un
autre folitaire nommé Ammon, plutôt ami .que m
Coteler•
lAomum»U 1*
b 34^
VII.
S. Ammon de
Nitric.
Vita Patr.