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Lettre deConf-
t an tin à Alexandre
& à Arius.
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Sup. liv. v i n .
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des eiprits, & en particulier l’averilon de l’évêque
Alexandre contre le prêtre Arius; & qu’il étoit de la
pieté de l’empereur, d’employer fon autorité pour
lui impoièr iilence.
Il envoya donc à Alexandrie Ofius évêque de
Cordouë capitale d’Eipagne, en qui il avoir une
confiance particulière, comme nous avons déjà vû.
C ’étoit un vieillard d’environ foixante-ièpt ans,
évêque depuis trente ans, confeiTeur dans la periè-
cution de Maximien, renommé par toute l’églife.
L ’empereur le chargea d’une lettre adreflfée conjointement
à Alexandre 8c à Arius, oü il marque ainfi
l’idée qu’on lui avoir donné de leur différend. J ’ap-
prens que telle a été l’origine de votre diipute. Vous
Alexandre, demandiez aux prêtres, ce que chacun
d’eux penfoit fur un certain paflâge de la loi , ou
plutôt fur une vaine queftion : Vous Arius avançâtes
inconfiderement I ce que vous deviez n’avoir
jamais penfë, ou l’étoufer par le filence. Il falloir
ne point faire une telle queftion, ou n’y point répondre.
Ces queftions qui ne font point neceflàires,
8c qui ne viennent que d’une oifiveté inutile, peuvent
être faites pour exercer l’eiprit ; mais elles ne-
doivent pas être portées aux oreilles du peuple. Qui
peut bien entendre des choies fi grandes & fi difficiles,
ou les expliquer dignement? & à qui d’entre
le peuple pourra-t-il les periuader ? Il faut reprimer
en ces matières la démangeaifën de parler, de peur
que le peuple ne tombe dans le blalphême ou dans
le ichilme.
Pardonnez-vous donc réciproquement l’indifcre-
L i v r e d i x i è m e . , f i m
tion de la demande, & l’inconfideration de la ré-
poniè ; car il ne s’agit point du capital de la loi,
Vous ne prétendez pas introduire une nouvelle religion;
vous êtes d’un même fentiment dans le fonds,
8c vous pouvez aiièment vous réiinir. Etant divi-
ièz pour un fi petit iujet, il n’eft pas jufte que vous
gouverniez félon vos penfées une fi grande multitude
du peuple de Dieu. Cette conduite eft bafte
8c puerile , indigne de prêtres & d’hommes fen-
fez. Puifqüe vous avez une même f o i , & que la
loi vous oblige à l’union des fèntimens, ce qui a
excité entre vous cette petite diipute, ne doit point
Vous diviiér. Je ne le dis pas pour vous contraindre
à vous accorder entièrement fur cette queftion frivole
quelle qu’elle foit : vous pouvez conferver l’unité
avec un différend particulier; pourvu que ces
-diverfes opinions & ces fubtilitez demeurent fe-
crettes dans le.fonds de la peniee. Il finit ainfi : Pour
vous montrer jufques à quel excès j’ai été affligé
de ce différend; dernièrement étant venu à Nico-
medie, j’avois réfolu d’aller en Orient, c’eft-à-dire,
vers la Syrie 8c l’Egypte,, mais cette nouvelle m’a
fait changer davis, pour ne pas voir ce que je ne
croyois pas même pouvoir entendre*. Ouvrez-moi
donc par votre union le chemin de EOrient, que
vous m’avez fermé par vos difputes. Ainfi parloit
l’empereur Conftantin, ou plûtôt le fecretaire qui
dreffa cette;lettre par fon ordre; 8c peut-être fut-
elle compofée par Eufebe de Nicomedie. Au refte
cette queftion qu’on y traite de fi frivole , n’étoit
rien moins que.rie fayoir, fi J . C. était Dieu ou