
Sup. n. jz
498 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
nant : c’eft-à-dire ne mangeant qu’après le fo le il couché.
L e cinquième jour il v in t à Pelufe : il v ifita les
freres qui étoient dans le defcrt Voifin , & au lieu
nommé L y c h n o s , en trois jours il arriva à Thebare
pour v o ir l’évêque DraconcC qui y étoit relegué , &
qui reçût une rnerveilleufe confolation de cette v ifi-
te. T ro is jours après il arriva avec grande peine à
B ab y lon e d’E g yp te , pour vo ir le v ê q u e Philon auffi
re legu é par la perfecution des Ariens- D eu x jours
après il v in t à la v ille d’Aphrodite : où il s’adreiTa au
diacre B a ïfa n e , qui a vo it accoûtumé de loüer des
dromadaires à ceux qui alloient vo ir faint A n to in e ,
pour porter l’eau dont on manquoit dans ce defert.
A lo r s faint H ila r ió n dit aux freres : que le jour de la
m o rt de faint A n to in e a p p ro ch o it , c’eft-à-dire , l’an-
n iv e r fa ir e , & qu’il v o u lo it le c e leb re r , en v e illan t
toute la nu it au lieu où il étoit mort.
Après donc a vo ir marché trois jours dans un h o r rib
le d e fe r t , ils arrivèrent à la montagne de fa in t
A n to in e : où ils trouvèrent deux moines Ifaac & Pe-
lu fien , dont le premier a vo it été interprete du fa in t..
C e tte montagne étoit de roche & très-haute , étendue
d’environ mille pas : du pied fortoient des fou r-
c e s , dont les unes fe perdoient dans le fable , les autres
tomboient plus b a s , & peu à peu formoient un
ruiiîeau : fur les bords duquel croiifoit une in fin ité
de palmes , qui rendoient le lieu très-agréable &
très-commode. Saint H ila r ió n s’y promenoit de tous
cotez avec les difciples de faint A n toin e. V o i c i , di-
fo ien t - ils , où il ch a n to it , voic i où il prio it : là il tra-
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v a illo it , là il fe repofoit quand il étoit las. I l a p lan té
lu i - même ces vignes & ces petits arbres : il a dref-
fé ce terrain de fes propres mains : il a creufé avec un
grand travail ce refervoir , pour arrofer fon jardin :
il s’eft fervi plu (leurs années de ce hoïau pour labourer.
Saint H ila rió n fé couchoit fur fon l i t , & le bai-
foit comme s’il eût été eneore chaud. La cellule n’av
o it en quarré que ce qu’il fau t à un homme pour
s’étendre en dormant. D e plus , tout au. haut de la
m o n ta gn e , où l ’on n ’a llo it que par une montée très-
rude en fo rm e de v i s , on v o ïo it deux cellules de la
même grandeur , où il fe retiroir pour évicer la fo u le
des v ifite s , & même la compagnie de fes difciples :
elles étoient taillées dans le ro c ,on y a vo it feulement
ajoûté des portes. Q uan d ils furent arrivez au ja rdin
: V o ïe z - v o u s , dit I f a a c , ce petit jardin planté
d ’arbres & d’herbes potagères ? Il y a environ trois
an s , comme une troupe d’ânes fauvages le ra v ag eo it,
il arrêta un de leurs c h e f s , le frappant de fon bâtcn
par les cotez , & leu r dit : Pourquoi mangez - vous
ce que vous n’avez pas femé ? Depuis ce temps-là ils
fe contentoient de venir boire , fans toucher aux arbres
ni aux herbes. Saint H ila rió n demanda encore
à vo ir le lieu où il étoit enterré : ils le menèrent a
l’écart : mais on ne fça it s’ils lui montrèrent ou non.
Ils difo ient que fain t A n toin e l’a voit fû t c a ch e r , de
peur que P e rg am iu s , qui étoit très-riche en ces quar-
tiers-là , n’emportât le corps chez lui & ne fit bâtir
une ég life .
En tre les difciples de S. Antoine les plus illuftres
fu ren t M a c a ir e , A m a th â s , Sarmatas , P ith y r io n , Amóme.
R r r ij