
ioo H i s t o i r e E c o l e s i à & T î q u e .
nité eft le principe de to u t, ainiî Dieu eft avant
toutes choies. C ’eft pourquoi il eft aufti avant le
fils comme vous nous l’avez enfeigné , prêchant
au milieu de l’églife.Donc entant qu'il tient de Dieu
l’être, la gloire & la v ie , & qu’il en a reçu toutes
chofes, c’eft ainiî que Dieu eft fon principe ; car
il le précédé étant ion Dieu, &c avant lui. Que il
quelques-uns entendent ces exprefllons :Il eft de lui
& de fon fe in, 5c je fuis forti de mon pere , &c
je v ien s , comme s’il étoit une partie confubftan-
tielle ou une projection ; le pere fera compofé 5c
diviiîble, Scmuable , & corps félon eux, & fujet à
toutes les fuites de la nature corporelle, lui qui eft
Dieu incorporel. Telle fut la lettre d’Arius où l’on
voit le fonds de fon herefie. On ne peut s’empêcher
d’admirer l’audace avecJaquelle ibfoutienc à
ion évêque d’avoir enfeigné cette doCtrine ; lui qui
dans fa lettre à Eufebe de Nicomedie fe plaint que
fon évêque enfeigne, que lé fils eft coéternel au pere.
Ce fut comme l’on croit vers ce même-tems
qu’Arius compofa fa Thalie. C’étoit un cantique fur
la même mefureôc furie même air des chanfons infâmes,
que Sotade avoit autrefois compofées pour
les feftins & pour les danfes, ce qui fuffifoit pour rendre
ce cantique odieux, outre les erreurs qu’il conte-
noit ; car Arius y avôit enfermé la fubftance de fa
doéirine. Il fit plufieurs autres cantiques, pour la répandre
& l’infinuer agréablement dans les efprits ,
même desperfonnes les plus groifieres; il y en avoit
pour les voyageurs, pour les mariniers, pour ceux qui
tournoient la meule.
L i v r e D i x i e ’ me: ioi
Eufebe de Nicomedie & ceux de fon parti, fe fen-
tirent offeniez , de ce qu’Alexandre d’Alexandrie Bithynie pour
n’avoit point cédé aux prières qu’ils lui avoientfai- s«Lm.i.uci¡.
tes plufieurs fo is , de recevoir A rius, & ils en furent
plus animez à établir fa doCtrine. Deilors ils conçu-
: rent une haine mortelle contre Athanafe diacre d'A- tois-v-
! lexandrie; car s’en étant informez curieufement,
ils apprirent qu’il étoit continuellement avec l’évê-
; que, & qu’il en étoit fingulierement eftimé. ils
i affemblerent donc un concile en Bithynie, & écri-
I virent à tous les évêques du monde; de communi-,
{ queravec les Ariens,comme ayant des fentimens
orthodoxes, & de difpofer Alexandre de communi-
| quer avec eux. Comme ils ne gagnoient rien fur
Alexandre, qui demeuroit toujours ferme; Arius
é envoya à Paulin de T y r , à Eufebe de Cefarée & à
Patrophile de Scy thopolis, & leur demanda pour lui
& pour les fiens, permiflîon d’affembler le peuple qui
| étoit avec eux, comme étant déjà ordonnez prêtres;
puifque c’étoit la coutume à Alexandrie , que les
prêtres aftemblaiTent le peuple des églifes particulières
, fans préjudice del’évêque, qui étoit au deflùs
de tous. Car alors il n’y avoit d’ordinaire en chaque
■ Ville qu’une aflemblée ecclefiaftique , où l’évêque
préfidoit, & c ’étoit apparemment la grandeurd’A-
ïexandrie, qui obÜgeoit à en tenir plufieurs. Ces
trois eveques s étant affemblez avec d’autres évêques
de Paleftine,accordèrent à Arius ce qu’il demandoit,
& lui permirent a lui & aux autres prêtres Alexandrins
de ion parti, d affembler leurs feCtateurs com-
me auparavant; mais à la charge de demeurer fournis
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