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sitip.sever. de clle r dxfciple S. M a r t in , qu i s’étoic attaché à lui dès
v it x H art. c. i . . r 1 . . . , x . , \ ,
3. &c. de vant ion e x il. Martin etoit ne a Sabane en Pannonie
, c’eft-à-dire , aux confins de l ’A utr ich e & de la
H o n g rie : mais la v ille ne fubfifte plus. I l.a v o it été
nourri à Pav ie -en Italie . Ses parens étoient païens :
io n pere tribun militaire. Martin fu iv it aufli d’abo
rd la profeffion des a rm e s , mais contre ion in c lination
, & ie rv it dans la cavalerie fous Conftantius
& fous Ju lie n . Il étoit dès lors conve rti : car à l’âge
de dix ans , il s’enfuit à l’églife , malgré fes parens |
& demanda qu’on le f ît catecumene. A douze ans il
vou lut fe retirer dans le defert ; & l ’auroit fa it fi la
fo ib le ife de fon âgé ne l’en eût empêché : mais il
a voir toûjours le coeur à le g life & aux monafteres.
Il v in t un ordre des em p ereu rs, pour enrôler les en-
fans des vétérans : fon pere le dé couvrit lu i-m êm e ,
il fut pris-, enchaîné & engagé à prêter le ferment
de la milice. I l fe contenta d’un feul v a le t , encore
le tra itoit - il d'égal ; ils mangeoient en fem b lé , 5c le
maître lui rendoit le plus fou v en t jufques aux m o in dres
fervices. Pendant qu ’il porta les armes , il fe
p ré fe rva de tous les vices q u i accompagnent d’o r dinaire
cette profeflron ; & fe fit a im e r 'd e tous fes
camarades , par fa bonté & fa charité : il étoic patient
& humble a u -d e là des forces humaines , &
toutefois il n’étoit pas encore b ap tifé . I l foulag eoit
tous ceux qui fo u d ro ie n t , ne fe-rcfcrvant de £a pare
que de qu oi vivrp au jour la journée . ’ Un jo u r ,
comme il ne lu i re ftôit que fes armes & fes habits ,
au milieu d’un h y v e r fi rude , que plufieurs raouroient
de froid il rencontra à la porte de la ville
L i v r e q u a t o r z i e ’m e .
d’Amiens un pauvre tout nud, qui prioit inutilement
les priTans d’avoir pitié de lui : il. crut qu’il lui étoit
refervé : il tira fon épée, coupa fon manteau qn. deux
& lui en donna la moitié. Quelques + uns des affif-
tans fe mocquerent de fon habit défiguré : d’autres
eurent regret de n’avoir pas exercé la charité. La
nuit il vit en fonge J . C. reveAtu ld e cette moi• ti• é/ de
manteau , qui lui commandait de le regarder, &C di-
foit aux anges qui l’environnoient : Martin encore
catecumene -m’a revêtu de cet habit. Cette: vifion
le détermina à recevoir promptement le baptême :
mais après l’avoir reqû , il demeura encore deux ans
dans lefervicç , à la priere de, fon tribun , avec qui
il vivoit familièrement , 5c qui’lui promettoitde: re-r
noncer au mohde quand le temps de fon emploi fe-
roit fini. Enfin il prit occafion d’une largeffe que le
cefar Julien faifoit aux foldats , pour lux demander
fon congé. Julien lui reprocha que c’étoit de peur
de fe trouver à la bataille qui devoir être le lendemain.
Martin répondit : Je ferai demain fans armes
à la tête des troupes, & muni feulement du ligne de
la croix , je percerai fans crainte les bataillons des
ennemis. On le mit en prifon pour lui faire tenir fa
parole : mais les barbares envoïerent le lendemain
demander la paix.
Martin ayant quitté le fervice , alla trouver faint
Hilaire , le plus illuftre évêque des Gaules, & demeura
quelque temps auprès de lui. Saint Hilaire
voulut l’ordonner diacre , pour fe l’attacher davantage
: mais comme il s’en trouvoit indignej, faint
Hilaire fut obligé de ne le faire qu’exorcifte , pour