
4 jo H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ce qui a été fait contre lui & contre tous les autres :
que l’on tienne un concile vraïement ecclefiaftique,
loin du Dalais, fans que l’empereur y foit, fans comte
, fans juge qui menace : mais où l’on fe contente
de la crainte de Dieu & de l’ordonnance des apôtres.
Afin qu’avant toutes chofes on conferve la foi de
l’églife , que les peres ont déclarée dans le concile
de Nicée : que les Ariens foient chaffez, & que les
catholiques aient liberté de parler. Car il n’eft pas
poifible d’admettie au concile ceux dont la créance
eft mauvaife : ni bienféant de juger une affaire per-
fonnelle avant l’examen de la foi. N . S. J . C . ne
gueriifoit les malades qu’après qu’ils avoient déclare
ce qu’ils croïoient de lui. Voilà ce que nous avons
appris de nos peres : dites-le à l'empereur ; car c’eft ce
qui lui eft utile & ce qui peut édifier l’églife. Qu’il
n ’écoute point Urface & Valens : après leur rétractation
ils ne méritent plus de créance. Aiiiii parloit le
pape Libéré.
L ’eunuque affligé, non pas tant de ce qu’il refu-
foit de ioufcrire contre faint Athânafe , que parce
qu’il fe déclaroit ennemi de l’herefie : oublia qu’il
étoit devant un évêque , & lui fit de grandes menaces
; puis il s’en alla à l’églife de l’apôtre S. Pierre,
où il dépofa fes prefens comme une offrande : mais
Libéré l’aïant appris, en fut extrêmement irrité contre
le gardien de leglife , qui ne l’avoit pas empêché
-, & il fit jetter dehors cette offrande profane.
L ’eunuque en fut encore plus en colere ; & étant de
retour, il dit à l’empereur pour l’aigrir: Il ne faut
plus fe mettre en peine de ce que Libéré ne veut
L i v r e t r e i z i è m e . 451
pas foufcrire : mais de ce qu’il fe déclare contre notre
doétrine , jufqucs à anathematifer nommément
les Ariens. Il échauffa par ce difcours les autres eunuques
, qui étoient en grand nombre auprès de
Conftantius, & pouvoient tout furfon efprit. L’ënv-
pereur écrivit donc à Leonce , qui étoit gouverneur
de Rome , de furprendre Libéré par artifice pour le.
tirer & i’envoïer a la cour : ou de le perfecuter à force
ouverte. La terreur fut grande par toute la ville : on
emploïa de grandes promeffes pour exciter plufieurs
perfonnes contre Libéré. On menaça plufieurs familles
: plufieurs évêques fe cachèrent : pluiieurs femmes
de qualité fe retirèrent à la campagne, pour'evi-
ter les calomnies des heretiques. On mit en fuite des
perfonnes établies &*domiciliées à Rome : on tendit
des pieges aux afeetes : on garda le port & les avenues
de la ville, .afin qu’aucun catholique ne pût
entrer pour voir Libéré. Rome connut par expérience
ce qu’elle ne pouvoit croire, du ravage que fai-
foient les heretiques dans les autres églifes.. Enfin
Libéré fut enlevé de Rome au milieu de la nuit &
avec grand difficulté , par la crainte du peuple , qui
le cheriffoit ardemment.
Quand il fut arrivé à Milan , l’empereur lui donna
audience, ou plûtôt l’interrogea : apparemment
dans ion confiftoire. C ’eft ainfi que l’on nommoit
le confeil où s’examinoient les affaires les plus importantes,
&c les aCtes en étoient rédigez par l’art
des notes : ce qui donna moïen à des perfonnes pieu-
fes de conferver cet interrogatoire , pour exciter le
tcle des Chrétiens par un tel exemple. L ’empereur
L U ij
A n . ì s s -
Amm, lib. xV»
ü 7*
X X .
Libere,à Milan
dey aot l’empereur*
Theod. I l . c . l f i 16.