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dépit, il iè rendit ion dénonciateur, & donna aux
catholiques les preuves de les crimes ; d’avoir livre-
les vaiès iàcrez dans la perfecution, & de s’être fait
ordonner évêque par brigue & par fimonie. L ’information
en fut faite juridiquement parZenophile
confulaire de Numidie; & nous en avons encore le;
procès verbal qui commence ainfi : Sous leconfulat
de Conftantin le grand augufte, avec Conftantin;
le jeune très-noble Ceiàr, le jour des ides de Décembre,
c’eft- à -dire le treizième de Décembre l’an-
3 20. Sextus de Thamugade étaqt entré , 8c Viétor
le grammairien, en préiènce du diacre Nondinaire,,
Zenophile coniùlaire, dit : Comment t’appelles-tu ï
Il répondit : Viétor. Zenophile dit : De quelle condition
es-tu ï Victor répondit : Je iùis profèifeur des
lettres Romaines, grammairien-latin,. Zenophile
dit r Quelle eft ta dignité l Viétor dit : Mon pere
étoit décurion de Conftantine, mon. grand pere-
foldat, il avoit fervi à la cour. Notre origine eft
du iàng des Maures. Zenophile dît : Explique-nous;
Amplement comme ayant ton honneur devant les
y eu x , quelle a été la cauiè de diyifion entre les
chrétiens.. Viétor dit : Je ne iài pas l’origine de la
divifion 5 je fuis un fimple particulier. Comme j’é-,
tois à Carthage, l’évêque Second y étant enfin ve-.-
nu, on dit qu’ils trouvèrent je ne lài quel défaut
dans l’ordination de l’éyêque Cecilien, 8c ils en ordonnèrent
un autre. Voilà d’où a commencé la divifion
à Carthage ; 8c voilà pourquoi je ne puis en
bien iàvoir l’origine. Car notre ville de Conftantine
n’a jamais eu qu’une égliiè 5 8c s’il y a eu de la di-
L i v r e D i x i e ’ me. 6 j
yûfion nous n’en fcavons rien. Second qu'il nomme
i c i , eft l’évêque de Tigifi qui préfida au concile de
Cirthe en 305.
Zenophile lui demanda : Communiques-tu avec
Silvain ? c’étoit,l’évêque de Conftantine. Oüi répondit
Victor. Zenophile dit : Pourquoi donc laifi
îànt à part celui dont l’innocence eft juftifiée... Et
il ajoûta : On dit de plus que tu fçais certainement
«une autre chofe 5 e’eft que Silvain eft traditeur ,
.eonfefle-le. Viétor dit: Je ne fçai point cela. Zenophile
dit au diacre Nondinaire : Viétor dit qu’il ne
içait point que Silvain ioit traditeur. Nondinaire
dit : Il içait s’il a livré des écritures. Viétor répondit :
J ’avois fui cette tempête 3 & fi je ments que je perif-
lè. La perfecution ayant éclaté tout d’un coup,
nous nous enfuîmes au mont de Bellone. J ’étois
alïis avec le diacre Mars & le prêtre Victor. On
demanda à Mars tous les livres 5 il dit qu’il ne les
avoit point. Viétor donna les noms de tous les lecteurs.
On vint à ma maiibn ; comme j’étois absent
, les magiftrats montèrent, & on emporta mes
livres, quand je v in s , je ne les trouvai plus Non-
.dinaire dit :T u as pourtant répondu dans les aétes,
que tu as donné les livres ; pourquoi nier ce qu’on
peut prouver ? Zenophile dit : Ayoüe fimplement,
de peur que tu ne fois interrogé plus rigoureulè-
ment. Nondinaire dit : Qu’on life les aétes. Zenophile
dit : Qu’on les liiè. Nondinaire les donna , 8c
un greffier les lut. C’étoit les aétes de Munatius Félix
, curateur de Cirthe, du dix-ièptiémeMay 303.
qui ont été rapportez ci-delïus,
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An. 3 20,
Sup.U ix ,» . 1 5 .
L ÎV ’ V I I I .H . 415.;. JU.