
j-04 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .’
me rendre auprès de lui à Milan. J ’en demandai la
caufe, & j’appris que quelques évêques l’avoient prié
de vous écrire pour aflembler un concile. Quand je
fus arrivé à Milan, il me témoigna beaucoup de bonté
: il voulut bien me voir, & me dit qu’il avoit écrit
&~envoïé vers vou s, pour vous prier que l’on tînt
un concile. Il me fit venir encore une fois dans les
Gaules, où le pere Ofius étoit venu , afin que nous
allaffions de-là à Sardique. Après le concile , comme
j’étois à Naïife , il m’écrivit : je revins à Aquilée ,
j ’y demeurai & j’y reçus vos lettres. Il m’appella encore
une fo is , je retournai en Gaule , puis je vous
allai trouver. En quel temps donc, en quel lieu , en
prefence de qui m’accufe-t on de lui avoir ainfi parlé
? Souvenez-vous , Seigneur, vous qui avez fi bonne
mémoire , de ce que je vous ai d i t , quand 'j’ai eu
l’honneur de vous voir : la premiere fois à Viminiac,
la feconde à Cefarée de Cappadoce , la troifiéme à
Antioehe : voïez fi je vous ai dit du mal des Eufe-
biens mes calomniateurs. Aurois-je été aifez infenfé
p. ¿77. pour dire du mal d’un empereur à un empereur , &
d’un frere à fon frere ?
Le fécond chef d’accufation , étoit qü’Athanafe
avoit éprit au tyran Magnence : les Ariens difoient
même avoir donné copie de la lettre. Quand j’eus
appris, d it - il, cette calomnie, je fus comme hors
de moi ; je paifois les nuits fans dormir , j’attaquois
mes dénonciateurs comme prefens : je jettai d’abord
un grand c r i , & je priois Dieu avec des larmes
& des fanglots, que vous me vouluifiez écouter
favorablement. Enfuite il prend Dieu à témoin
L i v r e t r e i z i e ’m e , S 503
qu’il n’a jamais connu Magnence ; & montre lescau-
fes qu’il avoit de le détefter, comme le meurtrier
de l’empereur Confiant fon bienfai&eur, & de ceux
qui l’avoient reçu charitablement à Rome i.fçavoir
Eutropia tante des trois empereurs, Abuterius, Spe-
rantius & pluiieurs autres : que c’étoit un impie
adonné aux magiciens & aux enchanteurs. Il prend suf. ». $.
à témoin les ambaffadeurs que Magnence envoïa à
Conftantius : les évêques Servais & Maxime, & les
laïques qui les accompagnoient, Clementius & Va-
lens : car ils avoient paifé à Alexandrie. Demandez-
leur, dit-il, s’ils m’ont apporté des lettres : car ce
m’eût été une occafion de lui écrire. Au contraire ,
voïant Clementius, je me fouvins de votre frere
d’heureufe mémoire ; & comme il eft écrit : J ’arrofai
mes habits de mes larmes. Il prend encore à témoin
Feliciffime qui étoit alors duc d’Egypte , & pluiieurs
autres officiers, qu’en cette occafion, il dit : Prions
pour le falut de notre très-pieux empereur Conftantius,
que le peuple cria tout d’une voix : Ghrift fe-
courez Conftantius, & continua long-temps. Cette Baluz. Mifi-
forme de priere eft remarquable ; & no$s votons en- I S u
core dans l’onziéme fiecle des litanies femblables.
Quant à la lettre dont les Ariens difoient avoir des
copies ; il dit qu’on peut bien avoir contrefait fon
écriture, puifque l’on contrefait même celle de
l’empereur, & que les écritures ne font point de
f o i , fi elles ne font reconnues. Il demande où l’on
a trouvé cette lettre , & qui l’a donnée. C ar, dit-il,,
j ’avois des écrivains , je les reprefente & le tyran
avoit des gens pour recevoir fes lettres^,, que vous.
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