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ne voïoit plus Si ne fçavoit où il étoic : il fèroit totn-'
N; 55 6- |S || (i on ne lui eût donné la main pour le foutenir
& l’emmener. A peine pût-il au bout d’un jour re-
venir à lui ; & il ne fçavoit ni ce qu’il avoir fait ni ce
qui lui étoit arrivé. La terreur de ces exemples arrêta
l’emportement des païens imai& les Ariens n'en furent
que plus endurcis,
xxxi. George qu’ils avoient ordonné évêque d’Alexan-
PntrufîondeGcor- . . , ? . 1 - . J
ge à Alexandrie, drie etoit de Cappadoce, homme de bafle naiffance 3
kmm. M arc. lib. f i i S d’un foulon- Il fut d’abord paraiîte & livré à
Gre'g.saiorat. qui lui faifoit bonne chere. Eniuite il,£e mit dans
V thllz..%ut. les affaires, prit la commiffion de fournir la chair
p. 844.c. 86i. a . p 0 rG ( j u e L’on.donnoit aux foldats ; mais aïant
malverfé & tout confumé, il s’enfuit de C. P. où
il avoir cet emploi j & demeura quelque temps erran
t'd e province en province. Il étoit groflier &
ignorant, fans agrément dans l’efprit, fans aucune
teinture des bonnes lettres, païen dans le fonds Si
Athm. de fynod. Chrétien feulement de nom : ainiï il fuivoit la doc-
P >t l - s - ■ < r ■ A ■ r u m Ar.ortt. i, trine qui convenoit mieux a les intérêts : mais fans
témoigner aucune pieté, même en apparence : au
contraire, il étoit avare, mal faifant,, broüillon &
naturellement cruel. Ce fut ce perfonnage que les
Ariens choisirent, pour remplir le fie ge d’Alexandrie
à la place de S. Athanafe : le regardant comme
n homme agiflant Si attaché à leur doctrine. On
’ ÛM.ir.t.*. croit qu’ils l’ordonnerent à Antioche dans un concile.
de trente évêques, de leur parti tenu l’an 354.
î42..«»».3ï4. ». où ils-condamnerent de nouveau S. Athanafe , &
9 *. f • • • \ 1 / A 1 écrivirent a-tous les eveques de ne point communiquer
avec lui mais avec George qu’ils, avoient
ordonné-
L i v r e t r e i z i e ’m e . 481
ordonné. Quoi qu’il en Toit, il entra à Alexandrie
pendant le carême de cette année 3 Si commença
fes violences à la fête de pâques. Le peuple catholique
abandonna les églifes, Si s’affembla ce faint
jour & les dimanches fuivans dans un lieu defert près
le cimetiere. La femaine d’après la pentecôte, le peuple
après avoir jeûné , vint en ce même lieu pour
prier. George l’aïant appris excita le duc Sebaftien
qui étoit Manichéen d’y aller , comme il fie le dimanche
même , avec des foldats armez au nombre
de plus de trois mille. Ils donnèrent l’épée à la main
fur ce peuple aflemblé. pour prier , avec des femmes
& des enfans : mais il en reftoit peu , Si la plûpart
s’étoient déjà retirez. Sebaftien fit allumer un grand
feu , devant lequel il preifoit les vierges de dire
qu’elles fuivoient la foi d’Arius : mais voïant que la
vûë de ce feu ne les ébranloit pas, il les fit dépouiller
Si frapper fur le vifage, de telle forte que longtemps
après on avoit encore peine à les reconholcre.
Il fit prendre quarante hommes, à qui l’on déchira
le d o s , les frappant avec des branches de palmes
fraîchement coupées S i encore armées de leurs pointes
: qui entrèrent fi av an t, que pour les retirer , il
fallut mettre les bleffez entre les mains des chirurgiens
, 8i leur faire plufieurs incifions : quelques-
uns même en moururent. Il y eut des vierges traitées
de la même forte. On refufa de rendre les corps
de ceux qui moururent en cette occafion : on les
détourna , on les jetta aux chiens -, Si leurs parens les
retirèrent à grande peine pour les enterrer fecrete-
ment. Ils furent comptez pour martyrs, Si l'éghfe Tome III. P-p p
A N.
apelog. p. 691. C.
De Fuga. p. 704^ C, |
A d fclit.p.
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