
412, H I S T O IR E E C CL E S I A S T I QUE.
fi rent dans un lieu étroit & obfcur, où ils le laiiTe-
N- 3 5 !• ren tf efperant qu’il mourroit de faim. Mais au bouc
de iïx jours , aïant trouvé qu’il refpiroit encore, ils
l’étranglerent, & publièrent qu’il étoit mort de maladie.
Philagre vicaire du prefet du pretoire , qui
étoit alors fur les lieu x , & très-favorable aux Ariens,
peut-être fâché de ne l’avoir pas fait mourir lui-
même , dit à plufieurs perfonnes comment la chofe
MenoUg. s.Siff s’étoit puiTéc ; & S. Athanafe témoigne l’avoir appris
Martyr* y. juin, ¿ ’eux-mêmes. Toute l’égliic honore S. Paul de C .P .
comme martyr. Sa mort arriva vers le commencement
de cette année 331. & la vengeance divine fui-
vit de près le prefet Philippe, qui l’avoit procurée
auifi-bien que fon exil : car avant l’année revoluë,
il fut honteufement privé de fa charge : & devenu
iimple particulier, banni de fon païs, n’attendant
que l’heure où l’on viendroit le faire mourir : ifperit
miferablement.
Calomnies ton- principal objet de la haine des Ariens étoit
«es. Athanafe. toujours S. Athanafe. Ils le voïoient en repos dans
fon églife-, uni de communion avec plus de quatre
Athan.adfoiit. g^ns évêques. Le pape, toute l’Italie, la Sicile Si
les autres îiles, toute l’A friqu e , la Gaule, la Grande
Bretagne, l’Efpagne & le grand Oiius, la Pannonie
, la Dalmacie, la Dacie, la Macedoine, la Grece,
la plus grande partie de la Paleftine , toute l’Egypte
ôe la Libye confervoient avec lui la paix Si l’union
ecclefiaftique. Les Ariens ne le pouvoient fuppor-
ter : l’envie Si la crainte de voir leur herefie vain-
. eue & proferite en tous lieux les agitoit violemment.
Les chefs du parti étoient alors Leonce d’Antioche ,
L i v r e t r e i z i e ’m e . '413
George de Laodicée, Acace de Cefarée en Paleftine,--------------
Théodore d’Heraclée, Narciife de Neroniade , tous A n . 351.
dépofez au concile de Sardique , dont le jugement
les avoit couverts de confuiion. Ils s’adreifent à l’empereur
tous e n fem b le ôc lui difent : Vous n’avez
pas voulu nous croire la première fois : nous vous di-
iîons bien , quand vous rappellâtes Athanafe , que
c’étoit bannir nôtre do&rine. Il s’y eft oppofé dès le
commencement & ne celle de l’anathematifer : il a
rempli le monde des lettres qu’il écrit contre nous :
la plùpart des évêques font en communion avec lui :
il a gagné une partie de ceux qui fembloient être *
pour nous, il aura bien-tôt le refte : nous demeurerons
feuls. Il eft à craindre que l’on ne nous appelle
heretiques & vous auffi ; & qu’on ne nous traite comme
les Manichéens.
A ces confiderations ils en ajoùtoient de plus
preHantes pour Conftantius. Athanafe, difoient-ils,
a été l’occafion du mécontentement de l’empereur
Confiant votre fre re , & vous a penfé jetter dans
une guerre civile. Il a mal parlé de vous à Confiant,
les deux fois qu’il lui a parlé : enfin il a été du parti
de Magnence , & lui a écrit une lettre I dont nous
avons la copie. I l a dédié fans votre participation
leglife que Grégoire avoit commencée à Alexandrie,
par votre ordre & à vos dépens. Conftantius
échauffé par ces difeours, & parce qu’en marchant
contre Magnence il avoit vù lui-même la multitude
d’évêques qui communiquoient avec faint Athanafe
: changea entièrement de difpofition à fon