
X L IX ,
Lettres des évêques
de Gaule-à
faint Hilaire.
H ilar. de iyn,
in it.
Ü Traité de faint
Phebade d’Agen.
Il y avoit déjà trois ans que S. H ifc ire de Poitiers
étoit e x i lé , & il n ’a v o it point reçu de lettres des é-
vêques de Gaule , bien qu’il leu r eût écrit plufieurs
fo is de divers lieu x . I l craignit que ce filence ne fût
a f f e & é , & qu’ils ne fulTent tombez dans l’erreur ,
comme tant d’autres : ainfi il avoit re fo lu de fe taire
auffi de fon.côté , & de n’a vo ir plus de communication
avec eux , après les a vo ir avertis plufieurs f o i s ,
fu iv an t le precepte de N . S. C a r il ne p ou vo it croire
q u ’ils n’euffent reçu aucune des le ttre s , par lefquelles
il les in fo rm o it de l ’état des ég life s d’Orient : de la
fo i & du zele de plufieurs évêques. E n fin il reçût de
leurs le ttre s , 8 c connut que s’il n ’en a v o it pas reçû
p lû tô t , ce n’étoit que par la difficulté de fç a v o ir où
il étoit. I l apprit avec une extrême joïe qu’ils avoient
con fe rv é la pureté entiere de la fo i : qu’ils étoient demeurez
unis à lu i en efprit ; 8 c avoient rejetté pen dant
trois ans la communion de Saturnin évêque
d’A r le s , auteur de fon exil : que depuis peu comme
on leur eut envoie de Sirmium la fo rm u le de P o ta -
m iu s , non feu lem en t ils ne l ’a vo ien t pas r e çû ë , mais
ils l ’avoient nommément condamnée. Ils le prioient
auflî de leur expliquer n e t tem en t , quelle étoit la fo i
des Orientaux fur la div in ité du fils de D ieu ; 8 c ce
que vou lo ien t dire tant de différentes confeffions
de f o i , qu’ils a vo ien t dreffées depuis le concile de
N ic é e . Saint H ila ire extrêmement confolé par ces
le ttre s , y répondit quelque temps après par fon traité
des fyn o d e s .
L a fécondé fo rm u le de Sirmium dreffée par Pota-
m iu s , ne fu t pas feulement condamnée en Gaule ,
mais elle y fu t d o d em en t refutée par S. Phebade évêque
d’A g en . I l déclare d’abord qu’il n’écrit que par la
neceflïté de défendre la fo i contre l ’herefie , qu i en
ufurpoit le nom , & prenoit même le titre de ca th o lique.
I l examine cnfuite toutes les paroles de la fo r mule
de Sirmium -, depuis le commencement jufques
à la fin & montre que ce q u ’elle fembloit même
a voir de b o n , y étoit mis artificieufetnent, pour être
détourné à un mauvais fens. Quoique le principal
fujet de cet écrit fo it le myftere de la T r in it é , S. Phebade
ne laiffe pas d’y traiter de l’incarnation : à caufe
d’une lettre de Potamius en voïée en Orient & en
Occident, où il d ifo it : que la chair 8 c l’cfprit de J . C .
étant unis par le fan g de Ivlarie, & réduits en un feul
c o rp s , Dieu étoit devenu pa flib le. E n forte que de
l’efprit de D ieu 8 c de la chair de l ’h om m e , ils f a i -
foient je ne fçai quelle troifiéme chofe , qui n ’é to it
proprement ni Dieu ni homme. E t tout cela , pour
he pas avoüer que le v e rbe fut impaffible de fa nature
comme le pere. I l montre donc par l’écriture les p ro -
prietez différentes des deux fubftances en J . C .
I l s’élève contre les évêques qui défendoient de
dire , qu ’il n’y a en D ieu qu ’une fubftance , & releve
l’autorité des peres de Nic ée . Il montre que le mot
de fubftance eft fouvent emploie dans l ’écriture , &
qu’il ne fign ifie rien d’indigne de D ieu . Après a vo ir
doétement expliqu é la fo i catholique touchant l ’unité
de fubftance & la diftimftidn des p e r fo n n e s , il
conclut ainfi : C ’cft ce que nous c ro ïo n s , ce que nous
tenons, ce que nous avons reçû des prophètes, ce que
les évangiles nous ont an n o n c é , ce que les apôtres