
Aug. tract, n,
in Joan. n. 15.
X L IX .
Premier concile
¿e Carthage.
To. %. cone, p. 715.
396 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
tude ; & pour la nourrir, firent d une églife le ma-
gafin de leurs vivres. Quand les fourriers vinrent,
pour marquer les logis dès foldats de Silveftre , on
refufa de les recevoir : ils retournèrent maltraitez à
leurs compagnies : tous en furent irritez , de telle
forte que leurs officiers mêmes ne pouvoient les retenir.
Il fe rencontra donc des gens armez de part ôc d’autre , qui remplirent les villes de tumulte. Les
évêques Donatiftes s’enfuirent tous avec leur clergé
: quelques-uns furent tuez , quelques-uns pris &
releguez en des lieux éloignez. Quoique les évêques
catholiques n’y euffient aucune pa rt, les Donatiftes
en prirent prétexte de décrier la réunion d’un
grand nombre des leurs, qui revinrent alors à l’é-
glife catholique. Ils traitèrent Paul & Macaire de
perfecuteurs , & tous les catholiques de païens ; leur
donnant le nom de Macariens : un nommé Marcu-
lus fe précipita d’un rocher : Donat de Bàgaïe fe
jetta dans un puits : les Donatiftes attribuèrent leur
mort à cette perfecution, & les honorèrent comme
martyrs.
Apres cette réunion, Gratus aifembta un concile
nombreux de toutes les provinces d’Afrique , que
l’on compte pour le premier de Carthage , parce
que c’eft le plus ancien dont nous aïons les canons :
car au refte nous y avons déjà vû plufieurs conciles
, particulièrement fous faint Cyprien. Celui - ci
ne peut avoir été célébré plutôt que l’an 348. ni plus
tard que l’an 349. Gratus en fit l’ouverture , en remerciant
Dieu d avoir réiini les membres de fon églife
, & propofa aux évêques de faire les reglemens
L i v r e d o ü z i é ’ mè. 35)7
neceiTaires pour eonferver la difeipline , fans altérer
l’union par une exceffive dureté. Ils firent quatorze
canons propofez par Gratus & par d’autres évêques 5
& approuvez de to u s, fuivant la forme du concile
de Sardique. Le premier eft pour ne poinr rebapti-
fer ceux qui l’ont été dans la foi de la Trinité. C ’é-
toit l’erreur capitale des Donatiftes , de croire nul le
baptême donné hors de leur communion. C ’eft auffi «*• *-
contre leurs abus que l’on défend de profaner la dignité
des martyrs ; en honorant comme tels ceux qui
s’étoient précipitez, ou tuez d’une autre maniéré par
fo lie , & à qui l’églife n’accorde la fepulture que par
compaffion. A plus forte raifon, ceux qtfi fe tuent
par defefpoir & par malice.
On renouvelle les défenfes déjà faites aux clercs c- i*
en tant de conciles , d’habiter avec de’s femmes : ôc
on l’entend de toutes les perfonnes de l’un & de l’autre
fexe, qui ont embraifé la continence même dans
la viduité: leur défendant d’habiter avec des perfon- c-W-
nés étrangères, ni même de les vihter. On renou- c. ij.
velle la défenfc faite aux clercs, de prêter à ufure ,
comme étant un péché condamnable même dans les
laïques , & contraire aux prophètes & à l’évangile.
On défend auffi aux clercs de fe charger de l’inten- e.
dance des maifons & du maniement des affaires fecu-
lieres, fuivant la réglé de faint Paul. Par confequent fim- n. 4.
on défend d’ordonner ceux qui font intendans,agens
des affaires, ou tuteurs exerçant en perfonne jufqu’à
ce que les affaires foient finies &les comptes rendus ;
de peur que s’ils étoient ordonnez plutôt, l’églife
* D d d iij