
6 } o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
sup. xiii. 4j. L e p|us grand appui de cette feéfe fut Maratho-
nius évêque de Nicomedie , & difciple de Macedo-
nius. Comme il étoit riche , liberal envers les pauvres
, & d’une vie édifiante , fon crédit étoit grand
fur le peuple & fur les moines : en forte que quelques
uns donnèrent à cette feóte le nom de Mara-
thonius. Elle fe répandit dans plufieurs m'onafteres
& parmi le peuple de C . P. toutefois fis n’y eurent
ni évêque, ni églife , tant que les Ariens y dominèrent,
8c jufques au regne d’Arcadius. Us s’étendoicnt
principalement dans la Thrace , la Bithynie 8c l’Hel-
lefpont, •& fur tout dans la ville de Cyzique ; & ils
étoient de moeurs irreprochables pour la plupart :
leur extérieur étoit grave , & leur vie approchoit de
la difcipline monaftique. On les appelloit en general
Pneumatomaques : c’eft-à- dire en grec , ennemis
du S. Efprit.
xxxi. S. Athanafe fut averti de cette nouvelle herefie
Traité de faint . . . .
Athanafe pour le par berapion , qui lui écrivit leurs principales rait
íL T V 175. f ° ns > l’exhortant à y répondre. On croit que c’étoit
l’évêque de Thmoüis. Saint Athanafe étoit alors
dans le defert perfecuté & cherché pour le faire périr.
Cette nouvelle lui fut un furcroît d’affliânon ;
& malgré l’état incommode où il fe trouvoit, il ne
lailfa pas d’écrire à Serapion un traité aifez lo n g ,
qu’il nomme toutefois une lettre courte, par rapport
à l’importance de la matière , & qu’il ne lui envoie ,
d i t - i l , que pour lui donner occafion de fuppléer
ce qui y manque. Il donne à ces nouveaux hérétiques
le nom de Tropiques , parce qu’ils prétendoient
expliquer l’écriture par des tropes, c’elf-à-dire, des
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igures de difeours. Il réfuté premièrement les paft
fages par lefquels ils prétendoient montrer , que le
S. Efprit étoit créature , 8c diftingue foigneufement
tous les fens du mot d’efprit dans les livres facrez.
Enfuite il vient aux objeétions tirées de la raifon
humaine. Si le S. E fp r it, difoient-ils, n’eft pas créature
, ni un des anges, s’il procédé du perc , il eft
donc auffi fils 3 & le verbe 8c lui font deux freres.
Comment donc appelle-t’on le verbe fils unique >
8c pourquoi le nomme-t’on le premier après le pere
& le S. Efprit enfuite , s’ils font égaux ? Que fi le
S. Efprit procédé du fils , le pere eft donc fon aïeul.
C ’eft ainfi qu’ils fe joüoient de la divinité par leur
curiofité facrilege.
S. Athanafejrépond premièrement, que s’il étoit
permis de faire de pareilles queftions, & de fuivre ,
en parlant de Dieu , les idées de la génération humaine
, on demanderoit aulfi qui eft le pere du pere
8c le fils du fiis 8c des petits fils : puifque parmi les
hommes celui qui eft pere à l’égard de l’u n , eft fils
à l’égard de l’autre, 8c ainfi à l’infin i, & le fils n’eft;
qu’une portion de fon pere. Il n’en eft pas de même
en Dieu , où le fils eft l’image entiere de tout
le pere ; 8c toûjours f ils , comme le pere toûjours
pere ; fans que le pere puiife être fils , ni lfe fils être
pere. Il n’eft donc permis de parler en Dieu , ni de
frere ni d’aïeul , puifque l’écriture n’en parle p o in t,
8c quelle ne donne jamais au S. Efprit le nom de
fils ; mais feulement le nom d’efprit du pere 8c d’ef-
prit du fils. La fainte Trinité n’a qu’une même
divinité , elle n’eû toute qu’un feul Dieu ; 8c il
p 184, T>.
p. >71- D.
P■ 18¡>. D.
Epiph. h&rcf. 74.
» . 8 .