
j o o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
— tre Jeiiis-Chrift, ils brûlefent les livres iàcrez qu’iUsf
trouvèrent dans l’églife. Les Juifs 8C les payens
entrèrent dans le baptiftere, & s’étant mis fout nuds,
y firent 8c y dirent de telles infamies, que la pudeur
ne permet pas de les raconter. Quelques impies imitant
la perlècution prenoient des vierges & des
femmes qui gardoient la continence’ , les traînoient
pour les contraindre à blafphêmer 8c à renier le
Seigneur, &; comme elles le refuibient, ils les frap-
poient 8c les fouloient aux pieds. L ’églife fut abandonnée
en proie : les uns enlevoient ce qu’ils trou-
voient devant eux : d’autres partageoient les dépôts
de quelques particuliers. Il y avoit quantité de
vin , ils le burent, le répendirént ou emportèrent :
ils pillèrent l’huile : ils enlevèrent les portes 8c les
baluftres : ils mirent les lampes à’ terre contre les
murailles : ils allumèrent les cierges de l’églifè en
l’honneur de leurs idoles. On prenoit des prêtres 8c
des laïques ; on menoit des vierges dévoilées devant
le tribunal du gouverneur , & on les mettoit en
priibn : d’autres éroient vendus comme efclaves,
d’autres foüettez. On ôtoit le pain aux miniftres de
l’églifè 8c aux vierges,. *
Tout cela iè paiïoir dans le carême & vers la % e
de Pâque. Le vendredi faint, Grégoire entra dans
une églife avec le gouverneur 8c des payens, &
voyant l’horreur que les peuples avoient de fon entrée
violente, il-obligea le gouverneur à faire foüer-
ter publiquement, 8c mettre en priibn trente-quatre
perfonnes tant vierges que femmes mariées & hommes
de condition. Une de ces vierges entres-autres
fut fouettée, tenant encore entre fes ftiâinsle pfeau- A n T T IT
tier qui fut déchisé par les bourreaux. Ils voulurent
en faire de même dans une autre églife, où S. Athanafe
logeoit le plus ordinairement pendant ces jours-
là, afin de le prendre & de s’en défaire. Mais iè
voyant découvert, 8c craignant que l’on ne commît
dans cette églife les mêmes excès que dans les
autres, il fe déroba à fon peuple avant que Grégoire
fût arrivé, 8c s’embarqua pour aller à Rome,
voulant affifter au concile qui s’y devoit tenir. Grégoire
n’épargna pas même la fête de pâque, 8c fît
empriibnner plufîeurs catholiques en ce iàintjour.Il
s’empara de toutes les égliiès, enforte que le peuple.
& le clergé catholique étoit réduit à n’y point entrer,
ou à communiquer avec les Ariens.
Grégoire ne vouloit pas même fouffrir que les
catholiques priaifent dans leurs maifons 5 il les dé-
nonçoit au gouverneur, & il obfervoit les miniftres
facrez avec une telle rigueur , que plufîeurs particuliers
qui fe trouvoient en danger, ne pouvoient
recevoir le baptême, 8c les malades étoient privez
de confolation , ce qui leur étoit plus amer que la
maladie ; mais ils aimoient mieux s’en paifer que
de recevoir la main des Ariens fur leurs têtes. De
peur que ces violences ne fufïént connues, Grégoire
fit donner des ordres preflans aux maîtres
des vaiffeaux, 8c même aux paffagers de ne point
parler contre lu i , & au contraire de fe charger de
fès lettres ; quelques-uns le refuièrent , 8c ibuffri-
rent pour ce fujet la prifon, les fers 8c les tour-
ttieps. Il fit auiii écrire par le gouverneur un de-
P p iij