
Cap. 14
x x x i.
Miffion de Théophile
l’Indien.
Philofiorg. Itb.
n i . c. 4. 5.
Daufas & M ille s . Daufas a vo it été pris par les Per-
fes en un lieu nommé Z a b d é e , & fut alors marty-
rifé avec Mareabdes corévêque & fes c le rc s , au nombre
d’en v iron deux cens cinquante , qu’ils avoient
auilï pris captifs. M ille s a voit d’abord porté les armes
en Perle ; puis il embraffa la vie a p o fto liq u e , &
fu t ordonné évêque d’une v ille du pais. I l y louffrit
b e au co u p , & fu t fou v en t battu & traîné , fans pouv
o ir con v e rtir perfonne : de forte qu’il fe-retira mal
c o n te n t , donnant f i malediétion à cette v ille . Peu
de temps a p rè s , les principaux de ce lieu aïant o f -
fen fe le r o i , il y en vo ïa une armée avec trois cens
élephans ; la v ille fu t renverfée & réduite en terre
lab ou rab le . Cependant M ille s s’en alla en d é vo tion
à Je ru fa lem , portant feulement un fac où étoit le
liv re des évangile s ; d e -là il palfa en E g y p te pour y
v ifite r les m o in e s , enfin il lo u ffrit le martyre ; &
des Syriens éc rivirent fa v ie pleine de miracles. Il
y eut un très-igrand nombre d’autres martyrs en
Perfe , qui fouffrirent de très-cruels tourmens : car
le païs étoit fe rtile en telles in v en tion s. On a vo it
conferv e les noms de feize ra ille , tant hommes que
femmes : le refte é to it en fi grand nombre , que
l ’on n’a v o it jamais pû le fç a v o ir : quelque fo in qu’en
euffent pris les P e r fe s , les Syriens & les habitans
d’Edeffe.
L e 'ch riftian ifm e fa ifo it toujours du progrès hors
l ’empire Roma in ; & l’empereur Con ftan tiu s prit
fo in de l ’é ten d re , par une ambaffade qu’il en vo ïa
aux peuples que l’on n ommoit alors Hom eritcs ,
qui habitoient l ’extrémité de l ’A rab ie heureufe vers.
L i v r e d o u z i e ’ me . 349
l’Occan , & que l’on prétendoit être les anciens Sa-
béens. Ils gardoient la circoncifion le huitième jo u r ,
comme defeendus d’ Abraham par C e tu ra , & ne laif-
foient pas d’adorer le fo le il , la lune & les démons
du païs. I l y avoit grand nombre de Ju if s mêlez avec
eux. C on ftan tiu s y envoïa donc une ambaffade avec
des prefens m a gn ifiq u e s , pour gagner le c h e f de la
nation , entre autres deux cens des plus beaux chevaux
de Çappadoce ; le priant de permettre que l’on
bâtit des églifes pour les R oma in s qui y vo ïageoien t,
& pour ceux du païs qui fe voudroient con v e rtir :
les ambaffadeurs portoient avec eux de quoi faire
la dépenfe de ces bâtimens. U n des principaux de
cette ambaffade étoit T h éo p h ile l ’ In d ie n , qui aïant
é té en v o ïé en otage trè s-jeu n e au grand C o n ftan -
t in , par les habitans de l’ifle D iu fa p a t r ie , a v o it
demeuré long-temps chez les Roma ins : & embraffé
la v ie monaftique avec une grande réputation de
-vertu. Eufebe de Nicomed ie l ’a v o it ordonné d iac re;
& à T o c c a fion de cette ambaffade , les A riens lui fi-
rfcnt donner la dignité d’év êque. C a r il étoit de leur
parti ; & peut-être ne procurerent-ils cette million
que par ja lou fie de celle que Frumentius a vo it faite
de l ’autre côté de la mer rouge en E th io p ie , & qui
avoit été appuïée par S. A than a fe . C e qui eft certain,
eft que T h éo p h ile l’In dien étoit de leur p a r t i, qu’ils
1 elevoient jufques au c ie l , & lui attribuoient le don
I des miracles.
L ’ambaffade eut un grand fu c c è s , nonobftant la
refiftance des Ju if s : le prince des Homerites fe c o n -
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