
f i
2 5 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
An. 3 3<L rjrez vôtre ferviteur de ce monde ;mais fi vous
avez encore pitié de vôtre églifè, & je fçai que vous
en aurez pitié, voiez les paroles. d’Eufèbe : ne permettez
pas que vôtre héritage tombe dans le mépris
, ôtez Arius du monde , de peur que s’il entre
dans vôtre églife 5 il ne ièmble que l’herefie y foit
entrée avec lui. Alexandre prioit ainii le fàmedi
fur les trois heures après midi 5 & cependant les Eu-
febiens continuoient de mener Arius par la ville
comme en triomphe 5 & lui fe comptant déjà pour
rétabli, tenoit pluiieurs vains diicours. Il étoit près
de la place de Conftantin où étoit la colomne de
porphyre ; quand il fut fàifi de crainte & du reproche
de ià confidence, En même tems il iè fentit
prefïe de quelque neceiîité naturelle , qui lui fît demander
quelque lieu public de commodité , comme
il y en avoit dans toutes les grandes villes , on
lui en montra un derrière la place , il y entra , &
soc.xx.tf.é'M quelque tems après on l’y trouva mort, ayant perdu
une grande quantité de iàng.
Cette nouvelle s’étant répandue par toute la ville,
les fideles accoururent à l’églife, pour rendre grâces
à Dieu , d’une proteélion ii vifible qu’il avoit
donnée à la vérité. Car ils ne regardoient point la
mort d’Arius comme un accident naturel, mais
comme l’effet des prières d’Alexande & de Jacques
de Nifibe ; & comparaient cette mort fi hideuiè à
celle de Ju da s, dont Arius avoit imité l’impieté.
Alexandre eut la çonfolation de célébrer le lendemain
le faint facrifice en la compagnie des feuls
orthodoxes, remerciant Dieu du ièeours qu’il avoit
G r e g .N a z .o r , 1 6
jimb r. 1. defide
G r a t . Ct 9 .
L i v r e o n z i e ’ me . U 2^ y
donné à ion églife en une telle extrémité. ’Conftantin
voyant le doigt de Dieu & la prompte punition
du parjure d’Arius, ne douta plus qu’il ne
fût véritablement heretique, & s’attacha plus que
jamais à la foi de Nicée. Pluiieurs Ariens iè convertirent
; mais ceux qui demeurèrent opiniâtres,
attribuèrent cette mort à un fortilége, tant il étoit
confiant qu’elle n’étoit pas naturelle. Le lieu où
elle arriva fut regardé comme maudit 5 on l’alloit
voir en foule , & on s’avertjifoit d’éviter le iiege
funefte. Cela dura jufques à ce qu’un Arien riche
& puiffant y fit bâtir une maiibn , afin d’en
effacer la mémoire en changeant la forme de l’édifice.
La réputation de S. Antoine vint jufques à l’empereur
; il lui écrivit avec fes deux fils Conftantius,
& Confiant 5 le traitant de pere, & lui demandant
réponfè. Antoine fans s’ émouvoir, quand il reçût
ces lettres, appellales moines, & leur dit : Ne vous
étonnez pas fi un empereur nous écrit, ce n’eft qu’un
homme : étonnez-vous plûtôt de ce que Dieu a
écrit une loi pour les hommes, & nous a parlé par
ion propre fils. Il ne vouloit pas même recevoir
ces lettres, difant qu’il ne içavoit pas y répondre.
Mais les moines lui ayant repreiènté que les empereurs
étoient chrétiens , & qu’ils pourraient fe
fcandaliièr comme étant méprifez ; il permit qu’on
les lut., & y fit réponfe , donnant aux empereurs
des; avis iàlutaires ; de ne pas faire grand cas des
chofes prefentes ; mais de penfer plûtôt au jugement
futur ; de confiderer que J . C. eft le feul roi
A n. 3 3 d.
So&om. n .r .jo #
L IX .
L’empereur é-
crit à feint Antoine.
Vita An . c, 1 8.
Hier, Chr* an•
3 57*