
6 2 . 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
treprend de juftifier fa conduite, par les exemples
t-1'.}• de'l écriture. Il dit dans cet écrit : Si tu étois tombé
entre les mains de Mathathias ou de Phinées, te
voiant vivre comme les infidèles , ils t’auroient fait
mourir par le glaive : & moi parce que je bleffe de
ma parole ton efprit trempé du fang des Chrétiens,
je te fais injure. Pourquoi, empereur, ne te venges-tu
pas de moi ? que ne pourfuis-tu la réparation de ces
injures contre un mandiant ? ce n’efi pas que tu ne
le veuille ; mais tu n’en as pas encore reçu le pouvoir
de celui, qui, parce que je fuis à lu i , me donne
la liberté de reprendre tes aétions criminelles ; 8c
de te dire que j’ai renoncé à toi, à toutes les riehefles
de ton roiaume & à ton pere le démon. Sçaehes
que nous fommes affligez de ce que tu nous épargnes,
toi qui as accoutumé de devorer par le glaive
ceux qui te deplaifent. Voilà ce qui rendoit ces faines
eveques fi hardis, le mépris des richeffes & de la vie
t- ij». meme. Il ajoûte erifuite : Devons-nous refpecüer ton
diademe, tes pendans d’oreilles, tes bracelets 8c tes
habits précieux, au mépris du créateur ? Que tu es
M®°- peu fenfé de dire : Je fuis traité injurieufement par
Lucifer, par un miferable , moi qui fuis empereur j
& tu ne dis pas, par un évêque, qui t’a reconnu pour
un loup raviflant. Et encore : Tu m’accufes d’injure r
a qui t en plaindras-tu ? à Dieu , que tu ne connois
pas -, a toi-même : que feras-tu t o i , homme mortel,
qui ne peux nuire aux ferviteurs de Dieu ? fi tu nous
tourmentes, nous en icrans plus vigoureux : fi tu
nous fais mourir, nous arriverons à une meilleure
vie.
Il
L i v r e q j j a t o r z i e ’-me . 6l$
Il s’objeôte l’écriture qui commande d’obéïr aux
rois & aux puiflances : mais il répond, que l’empereur
auffi , puifqu’il fe dit chrétien , doit écouter
avec refpeôt les correéfcions des évêques. Car il leur
eft ordonné d’exhorter & de reprendre avec empire
8c de ne fe laifler méprifer à perfonne. Puis il ajoûte:
Sçachez que nous connoiffons l’obéiifance que nous
devons & à toi & à tous ceux qui font en dignité :
mais nous la devons feulement pour les bonnes oeuvres
; non pour condamner un innocent & pour
abandonner la foi. J ’ajoûte, d it-il, que l’apôtre parle
des princes & des magiftrats , qui ne crdïoient pas
encore au fils unique de Dieu, 8c qui devoient être
attirez à la foi par notre humilité , notre patience 8c
notre obéiifancc dans les choies raifonnables. Mais
parce qu’étant empereur tu feins d’être un d’entre
nous , fi tu veux fous ce prétexte nous contraindre
d’abandonner Dieu 8c d’embraiïer l’idolâtrie,
devons-nous t’obéir : de peur qu’il ne femble que
nous manquions aux préceptes de l’Apôtre ? On voit
ici les bornes de la puilfance temporelle. Les chrétiens
doivent obéir même aux princes infidèles ,
dans toutes les chofes raifonnables : & doivent de-
fobéir même aux princes chrétiens, en tout ce qui
eft manifeftement contraire à la loi de Dieu. Au
contraire , les princes chrétiens doivent être foûmis
aux évêques, & en tout ce qui regarde la religion ;
8c recevoir d’eux l’inftruôtion & la correétion , tandis
qu’ils leur commandent en tout le refte. Le dernier
traité de Lucifer a pour titre : Qu’il faut mourir
pour le fils de Dieu 8c le deifein eft de montrer
Tome III. K k k k
f- M7-
Rom. XIII.
Tit. n. ij,
f.